LES HOMMES REVANCHARDS CONTRE RÉSERVISTES

Première certitude, ce remake de la finale européenne 2015 ne comportera pas tout à fait les mêmes belligérants, et surtout du côté toulonnais. Car entre les mises au repos (Giteau, Bastareaud, Chiocci, Guirado, Hayman, Botha, Williams, S. Armitage, Masoe, Fernandez-Lobbe, Tillous-Borde) et les blessures (Michalak, Smith, Hernandez, Wulf) le manager Bernard Laporte devra se passer des services d’environ quinze joueurs. À l’heure où nous écrivons
ces lignes, Bryan Habana, placé à l’arrière, serait le seul titulaire de la finale à débuter face à Clermont qui, à la différence du RCT, alignera une bonne moitié du XV de départ de la finale au coup d’envoi, ainsi que les remplaçants qui s’étaient illustrés à l’image de Thomas Domingo et Ludovic Radosavljevic.

L’ÉTAT D’ESPRIT DES CLERMONTOIS EN COLÈRE

Cette seconde défaite en finale européenne a piqué les Clermontois au plus profond d’eux-mêmes, à commencer par le manager Franck Azéma qui, quelques jours après cette nouvelle désillusion évoquait une « colère » en ces termes : « Moins elle cicatrisera, mieux c’est. » Le message est clair. Pour peu, on jurerait qu’elle va devenir le principal levier de motivation des Clermontois en cette fin de saison. Mais attention : elle doit également être canalisée : « S’en servir dès dimanche contre le RCT ? Toulon est bien conscient que ce n’est pas une demi-finale ou une finale. Nous, c’est un match de championnat, ce n’est pas une finale de Champions Cup. Il ne faut pas tout mélanger. » Peut-être… reste que le manager clermontois veut que cette saine colère se diffuse bien au-delà de son groupe, et gagne tout le peuple jaunard qu’il a piqué au passage : « J’aurais préféré rentrer sous les sifflets que sous une haie d’honneur à l’aéroport. Je sais qu’on a le meilleur public de France mais il y a des moments où il faut dire les choses. On n’a pas été bons sur cette finale, on ne méritait pas de la gagner, on ne mérite pas d’être applaudis. » De leur côté, les réservistes varois ont deux missions : la première, prouver à Bernard Laporte qu’ils méritent mieux que ces rôles de doublures, comme Bruni, Gorgodze, Burden et Tuisova l’ont fait à La Rochelle il y a trois semaines. La seconde, capitale, est de ramener des points de ce déplacement. Car le bonus offensif oublié contre Castres pourrait coûter cher, d’autant que les cas d’égalité avec Toulouse et Clermont sont défavorables au RCT.

L’ENJEU UN BRENNUS SINON RIEN

Soyons clairs : l’enjeu de cette rencontre n’est pas d’une finale européenne. Mais ce remake de Londres 2015 peut valoir son pesant d’or dans la course à la qualification directe. Tout simplement parce que le Stade toulousain et le Stade français ne comptent plus qu’un et deux points de retard sur l’ASMCA, second. Mais surtout parce que les Clermontois n’ont plus que le Bouclier de Brennus pour concrétiser leur bonne saison par un titre. La pression est donc sur leurs épaules… pas sur celles des Varois qui, eux, ont déjà réussi leur exercice en décrochant trois titres européens de suite.

LES STATUTS TOULON EN OUTSIDER

À Londres, le double champion d’Europe de l’époque partait logiquement favori. Mais cette fois, les rôles sont inversés : en alignant une équipe très proche de son XV majeur et dopée à la réaction d’orgueil, Clermont fait bien figure d’ogre face au triple champion d’Europe qui, gestion d’effectif oblige, se présentera à Michelin avec une équipe remaniée. Les rôles sont distribués, les acteurs fin prêts. Reste à écrire le scénario. Et celui-ci s’annonce palpitant, si l’on en croit Virgile Bruni : « Les Clermontois seront certainement animés par un esprit revanchard mais nous, on ira là-bas pour y réaliser un résultat. Chaque chose à sa place. La Champions Cup, c’est terminé. C’est super, on a gagné, mais c’est du passé. Il faut penser à la suite. » Et elle s’annonce passionnante…

Source: Midi Olympique