« Il est là, Mauricio ? Non… Et Cumpa ? Non plus… » Venu à proximité du vestiaire visiteurs pour fraterniser avec ses compatriotes Mauricio Reggiardo et Mauricio Herrera, Juan Martin Fernandez Lobbe, encore en tenue de gladiateur quelques minutes après les célébrations, a trouvé porte close. À son grand étonnement. La colonie tarnaise avait déjà regagné son bus, conformément à la feuille de route tracée au préalable par l’encadrement. Depuis le succès contre Clermont, l’ordre des priorités avait été défini : à Mayol, le CO venait sans véritable espoir de vaincre – ni même de convaincre – afin de conserver ses atouts et de l’énergie pour la réception de Brive.

Finalement, Castres a atteint ses objectifs, à savoir limiter ses pertes et fracas : pas de cartons à déplorer, ni au tableau d’affichage ni d’un point de vue disciplinaire. Les hommes de Mauricio Reggiardo peuvent se projeter sur l’échéance corrézienne dans les dispositions voulues : le stage de trois jours – le premier de la saison – a permis de cimenter la cohésion autour de parties de golf ou de repas collectifs et les blessés – particulièrement Rémi Tales – ou les corps fragiles – Karena Wihongi – ont pu être traités avec égards. Les vaincus ont tenu à étayer cette communication positive. « Cette équipe sait se révolter et a prouvé qu’elle ne lâchera rien », félicite Rodrigo Capo Ortega.

« Les mecs qui sont entrés nous ont permis de finir sur une bonne note et c’est intéressant pour la confiance », confirme David Darricarrère. « Je ne garde toujours que les bons côtés. La mêlée a été très bonne et les rucks bien gérés, souligne Mauricio Reggiardo. Si l’équipe reste au niveau de sa fin de match, je crois que ça se passera bien face à Brive. »

« ON NE SE FAISAIT PAS D’ILLUSIONS »

On ne contredira aucune de ces paroles : les Kockott, Beattie, Capo Ortega ou Lamerat ont signé des entrées détonantes, la mêlée a dominé et les trois essais ne doivent pas être négligés. Mais si le CO avait aligné sa meilleure équipe possible, n’aurait-il pas pu espérer mieux ? Une question légitime quand, à trois journées du verdict final,
le moindre point récolté peut s’avérer décisif. L’encadrement défend son choix, quitte à paraître frileux ou complexé : « On ne se faisait pas trop d’illusions, reconnaît l’entraîneur des trois-quarts. Toulon est à un tel niveau. »

«Imaginez que l’on aligne notre prétendue équipe-type, que l’on perde de six points et reparte avec des blessés. Qu’aurait-on dit ? », interroge Matthias Rolland. « Je pense que c’étaitle meilleur XV pour ce match car il était animé d’un esprit revanchard et il y avait de la qualité sur le banc, explique Mauricio Reggiardo. Les trente dernières minutes nous ont donné raison, pas les cinquante premières. »

Impossible, à l’heure actuelle, de savoir si les entraîneurs obtiendront gain de cause. La tournure des événements ne leur donne au moins pas tort. Le CO a perdu Desroche, Fa’anunu et Kirkpatrick sur blessure. Des coups durs, certes. Mais si les blessés du jour s’étaient nommés Capo Ortega, Wihongi et Tales, les chances de maintien auraient été encore plus hypothéquées. De même, le résultat de ses adversaires directs réduit l’effet de sa trop prévisible défaite. Tout compte fait, Castres ne semble pas avoir nui à ses chances de maintien… sans les avoir non plus renforcées. Les Tarnais restent en ballottage et si la victoire face au CABCL paraît indispensable, elle pourrait ne pas se révéler suffisante. L’heure de vérité va sonner, samedi. Mais elle égrènera sa tension jusqu’au soir de la 26e journée. Alors, l’on saura : le CO avait-il eu raison, à Toulon ?

Source: Midi Olympique