« L’enfer » chanté par AC/DC, il est pour Clermont. Hier, Toulon a tracé son autoroute dans la légende au terme d’une finale d’anthologie, l’une des plus belles de l’histoire de la compétition, l’une des plus riches en rebondissements depuis le fameux Leinster – Northampton (33-22) de 2011. Au palmarès de l’épreuve, les Varois ont donc rejoint les Dublinois en accrochant une troisième étoile au dessus du brin du muguet qui orne leur maillot. Mais ils sont les premiers à avoir remporté l’épreuve trois fois consécutivement et c’est immense.

13e finale perdue pour l’ASM

Et dire qu’après leur laborieuse qualification aux dépens du Leinster, on pensait les trentenaires du pack toulonnais au bout du rouleau. Hier, on a surtout vu un rouleau compresseur, poussant Clermont à l’erreur, exploitant son moindre moment de faiblesse. « Ils ont été tueurs sur leurs temps forts. C’est la force des grandes équipes, c’est la force des grands joueurs », a reconnu Franck Azéma, l’entraîneur de l’ASM, partagé entre la déception, la colère et la frustration. On lui souhaite bon courage pour recoller les morceaux d’une équipe qui s’est battue avec courage mais qui est une fois de plus passée à côté de l’événement.

Entre championnat de France et Coupe d’Europe, Clermont a perdu hier sa douzième finale. Cette défaite-là, dans son scénario est un peu moins cruelle que celle de 2013 à Dublin que l’ASM avait dominée outrageusement. À Twickenham, Damien Chouly et ses camarades n’ont pris l’ascendant que pendant les 25 premières minutes de la rencontre, menées tambour battant.

Deux buts de Camille Lopez, titularisé au dernier instant pour pallier le forfait de Brock James, blessé à l’échauffement, puis un essai de Wesley Fofana, profitant d’un coup de pied de Tillous-Borde contré par Morgan Parra, allaient récompenser la bonne entame clermontoise. Mais c’était trop peu. « On aurait pu marquer plus », a regretté Azéma. Il aurait fallu pour cela que Clermont se montre plus entreprenant, qu’il ne se recroqueville pas si vite comme s’il était obsédé par le souci de ne pas s’exposer.

Opportunisme toulonnais

Car après avoir essuyé ce grain, Toulon a relevé la tête. Le pack du RCT, emmené par un Guilhem Guirado étonnant, par un Ali Williams et un Juan Smith à la hauteur de leurs CV, a commencé à prendre l’ascendant en mêlée, dans les groupés pénétrants. Clermont s’est mis à la faute et Leigh Halfpenny a permis aux Toulonnais de grignoter leur retard avant que Mathieu Bastareaud ne réussisse l’essai du break juste avant la mi-temps (16-11).

Cet essai-là avait quelque chose d’un coup de poignard. Mais il était tellement symbolique de l’opportunisme toulonnais. Il avait suffi d’un dégagement raté de Nick Abendanon, l’arrière clermontois, pour que le jeu de contre du RCT s’ordonne. Une percée de Chris Masoe dans l’axe, un enchaînement au large et Bastareaud aplatissait.

On ne pourra pas reprocher aux Clermontois de s’être résignés. Le même Abendanon allait se racheter en ramenant l’ASM sur les talons de Toulon à l’entame du dernier quart d’heure après un numéro époustouflant (19-18, 65e).

Mais dans cette finale ponctuée de petites fautes et de coups d’éclat tonitruants, c’est l’Australien Drew Mitchell qui allait signer l’exploit le plus marquant, en échappant à quatre plaquages pour inscrire le deuxième essai varois. Une épitaphe sur les espoirs de Clermont.

Il restait dix minutes à jouer, et les derniers efforts de l’ASM se sont brisés sur la défense de fer de Toulon. Cette défense-là, ce qu’elle révèle de volonté collective peut-elle permettre aux hommes de Bernard Laporte de signer un deuxième doublé coupe d’Europe-championnat ? C’est une autre histoire mais depuis hier, ce n’est pas forcément insensé de l’imaginer.

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Source: SudOuest.fr