Mourad Boudjellal: « J’ai dit au taxi: « Toi, tu es ma chance sur Terre » »
Mourad Boudjellal: « J’ai dit au taxi: « Toi, tu es ma chance sur Terre » »
Le mercredi 29 avril 2015 à 19:16 par David Demri
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On jurerait que Vern Cotter ne s’est jamais relevé de cette défaite- là. Le 18 juin 2013, à l’époque où la Champions Cup n’était encore qu’un fantasme, ses Jaunards étaient donc programmés pour régner sur l’Europe. L’ASMCA, supérieure au RCT sur le papier, avait délibérément mis de côté le Top 14 pour se concentrer sur le titre qui manquait encore au Néo-Zélandais, champion de France en 2010. À Dublin, le rêve auvergnat dura seulement soixante-quatre minutes, soit le temps qu’il fallut aux coéquipiers d’Aurélien Rougerie pour marquer deux essais, d’abord par Napolioni Nalaga, puis par Brock James. Qui aurait pu croire, à 15-9, que les Toulonnais auraient la force de revenir ? Qui aurait alors misé sur ce sprint abracadabrantesque des Varois, dominés dans tous les compartiments du jeu ? Vous connaissez la suite, elle fait désormais partie de la légende du rugby pro. À la soixante-quatrième minute, les Jaunards décidaient de gagner les largeurs. Wesley Fofana, coupé de ses soutiens, s’isolait au beau milieu de la pelouse de l’Aviva Stadium. C’est le moment que choisit Juan Fernandez Lobbé pour intervenir, grattant un ballon à deux millions d’euros, l’écartant vers Delon Armitage, lequel n’avait plus qu’à parcourir quarante mètres pour aplatir l’essai victorieux (16 à 15).
Du braquage à la toulonnaise nous reviennent instantanément ces images : le salut de Delon Armitage à l’encontre du dernier défenseur clermontois (Brock James), provocation ayant longtemps valu à l’international anglais le titre d’ennemi public numéro 1, en championnat ; le drop sur le gong manqué par David Skrela, entré en jeu de manière incompréhensible à la place du même James, pour ce qui incarna la plus grosse faute de coaching de l’ère Cotter ; les larmes de Rougerie ou la colère de Parra, cloué aux piloris par son coach au motif d’une gestion du jeu supposée maladroite ; l’étrange aveu de Frédéric Michalak (« Nous étions malmenés, dominés. Je ne sais toujours pas comment nous sommes parvenus à remporter la victoire… ») ; la fin de match vécue par Mourad Boudjellal dans un taxi dublinois, autour de l’Aviva : « Au moment où je monte dans le taxi, on prend trois points. Je dis au chauffeur de tourner. Trois ou quatre minutes après, on marque un essai. Mais je l’entends à la radio et je ne sais même pas si c’est pour nous ou pour les autres. Et là j’entends la transformation de Wilkinson donc je sais qu’on est passé devant. J’ai alors dit au taxi : « Toi, tu es ma chance sur Terre, je ne te quitte plus et tu tournes. » Et on a tourné comme ça. Puis j’ai reçu un texto et j’ai entendu le mec dire qu’on était champion d’Europe. J’ai explosé. Je lui ai dit de revenir vers le stade… »
LA HACHE DE GUERRE EST ENTERRÉE
Atteindra-t-on un tel paroxysme d’émotion, de suspens et d’émoi à Londres ? Le « remake » du 18 juin 2013 sera-t-il d’une beauté comparable ? Aujourd’hui, on sait que Clermont avait perdu cette finale en s’entêtant à défier une défense increvable (cent soixante-seize plaquages réussis, dix-sept pour le seul Mathieu Bastareaud), en s’exposant
aux gratteurs toulonnais (vingt-cinq ballons égarés au sol) et en prêtant le flanc à l’expertise de Jonny Wilkinson, auteur ce jourlà d’un cent pour cent dans ses tirs aux buts…
Les Jaunards, qui traînèrent cette défaite jusqu’à la fin de l’ère Cotter en juin dernier, ne commettront plus les mêmes erreurs. Sont-ils pour autant favoris ? C’est en tout cas ce qu’évertuent à répéter les Varois, lesquels joueront à Twickenham un ticket pour l’histoire, dans l’éventualité où ils remportent un troisième titre européen consécutif. Un absolu que ni les Tigers, ni le Leinster ne purent contempler, au sommet de leur domination sur le vieux continent…
Entre Toulon et Clermont, sanctifiés cette semaine par Guy Novès comme « les deux moteurs du Top 14 », la rivalité est moins forte qu’elle ne le fut deux ans plus tôt, aux temps bénis où Mourad Boudjellal et René Fontès se livraient une guerre sans merci, en coulisses. La passation de pouvoir entre Fontès et De Cromières a adouci les rapports entre les deux meilleurs Européens. Au printemps 2015, la hache de guerre a beau avoir été enterrée, l’objectif des uns (un premier titre européen) et des autres (un triplé historique) sera une raison suffisante pour donner à cette finale une saveur inoubliable. Au sujet de ce choc, on regrettera seulement une chose : les quarante mille sièges vides de Twickenham, coquille vide d’un événement en tout point incroyable…
Source: Midi Olympique
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Il insiste le journaleux…. c’est pas le 18 juin mais le 18 MAI bref…
Moi je vois dans un rêve basta claquer le drop pied gauche de la victoire