Souvenez-vous. Déjà opposés en finale de H Cup il y a deux ans, Clermont et Toulon s’étaient livrés à une véritable guerre stratégique. Les Auvergnats avaient conduit le jeu durant l’essentiel de la partie (68 % de possession et 75 % d’occupation), Toulon se contentant de jouer sur les ballons de récupération. Ce jour-là, les joueurs de Laporte s’étaient gavés de turnovers. Dix-huit au total. Mais un seul, gagné par le troisième ligne Juan Martin Fernandez Lobbe, avait suffi pour faire basculer la rencontre.

« La priorité contre Toulon, c’est de sortir de son camp sans prendre le risque d’un contest, sans se mettre à la faute, juge l’entraîneur des trois-quarts du Racing-Metro, Laurent Labit. Cette année, Clermont saura
se souvenir de cette erreur. Parce que c’est en essayant de sortir de leur camp que les Auvergnats se sont fait prendre et ont vu Delon Armitage filer à l’essai. Une première fois Parra est contré et, au lieu de ressortir au pied, James essaie de relancer mais sans soutien… » La suite, vous la connaissez.

Cette nouvelle opposition en finale européenne entre deux équipes qui se connaissent donc très bien peut-elle accoucher de nouvelles stratégies ? De surprises tactiques ? Les Varois resteront-ils sur leurs acquis ? Les Clermontois changeront-ils d’animation offensive ?

« Toulon et Clermont se connaissent trop pour se surprendre, juge encore Laurent Labit. On a bien vu en demies, avec des équipes qui s’étaient déjà rencontrées en phase finale par le passé, qu’il ne pouvait y avoir aucune surprise. Et la finale va se jouer sur la discipline, sur la réussite du buteur. Peut-être sur une erreur ? Un turnover ? Face au Leinster, Toulon s’est qualifié sur une interception de Habana et Clermont sur un petit jeu au pied de Brock James en raison d’une erreur défensive d’un troisième ligne des Saracens. Il n’y aura donc rien de révolutionnaire au cours de ce match. »

ASMCA : NE PAS CHERCHER LA ZONE DU 10

On ne saurait donc trop conseiller aux Clermontois d’éviter de s’exposer comme ils l’avaient fait il y a deux ans. Jouer, c’est bien. Jouer dans le camp adverse, c’est mieux. Et s’il venait à l’idée de Brock James – ou Brock James – d’animer sa zone comme il le fait habituellement, sans doute les Clermontois prendraient-ils quelques précautions. Autrement dit : en densifiant le nombre de soutien offensif. La raison ?

« S’il y a bien une zone où ils ont des joueurs à forte capacité à gratter des ballons, c’est bien celle-ci, note le technicien parisien Laurent Labit. Obliger le demi d’ouverture toulonnais à défendre, c’est s’exposer au contest
de Masoe ou Armitage à l’intérieur et Bastareaud sur l’extérieur. C’est une zone bien encadrée. Pour moi, il est plus facile, contre Toulon, d’aller conserver le ballon sur les extérieurs plutôt que d’aller chercher la zone du 10. »

A contrario, si James devait être préféré à Lopez, le RCT a tout intérêt à viser le demi d’ouverture clermontois. Sa défense, certes en net progrès, n’est pas exempte de tout reproche. « La zone du 10 est peut-être plus fragile, reconnaît Labit, même si je trouve Brock James de plus en plus efficace en défense. En demi-finale, les Saracens ont envoyé plusieurs fois Vunipola sur lui. En vain. » 

Tant et si bien qu’on s’avance probablement vers une rencontre cadenassée, sans jeu, ni prise de risque, où chaque équipe tentera de jouer loin de sa ligne d’essai et de mettre l’adversaire à la faute. D’aucuns diraient « une finale, quoi ».

Source: Midi Olympique