Jamie Cudmore se confie à trois jours de la finale Européenne contre Toulon
Jamie Cudmore se confie à trois jours de la finale Européenne contre Toulon
Le mercredi 29 avril 2015 à 10:20 par David Demri
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Jamie Cudmore tentera d’étoffer son palmarès à l’occasion de la finale de la Champions Cup contre Toulon, samedi à Twickenham (18h). A quelques jours de l’échéance, le solide deuxième-ligne de Clermont a accueilli RMC Sport dans sa magnifique demeure en bois située face au Puy-de-Dôme. Sa cuvée, la carrière d’acteur de son frère, sa réputation de bad-boy… le Canadien de 36 ans a ratissé chaque sujet avec soin.
Jamie, on vous dit bad-boy, qu’en pensez-vous ?
Mais non. Il ne faut jamais croire ce que l’on voit sur Internet, il y a tout et n’importe quoi. Ma jeunesse était très heureuse. J’ai grandi dans un endroit magnifique, Squamish, sur la côte Ouest du Canada, avec une bonne bande d’amis. On s’éclatait dans la montagne, en allant faire du ski, de la motoneige. En été dans les grands lacs, dans les rivières en pêchant, en chassant dans la montagne. On était heureux comme tout.
Votre physique hors normes vous rend intimidant pour les gens…
Ce n’est pas mon but. Je souhaite complètement l’inverse. Je suis quelqu’un de très simple, je suis respectueux, j’essaie de marcher doucement, parler doucement, de ne pas faire trop de bruit. Mon père m’a toujours dit ça : il faut parler doucement mais être combatif.
Vous avez d’ailleurs été bûcheron dans votre jeunesse…
C’était le meilleur boulot dans ma ville quand j’étais jeune. Si tu arrivais à chopper un bon boulot de bûcheron, tu gagnais entre 18 et 20 dollars par heure, tout au black et c’était génial. A 14-15 ans, tu cours partout dans les bois et le week-end t’as une bonne paie. Nous on était les rois du pétrole à 15-16 ans à l’école. On allait acheter une voiture, des motos, des motoneiges parce qu’on avait bossé tout l’été. C’était un vrai boulot, un peu dangereux, mais on a passé de bons moments.
Votre petit frère, Daniel, a joué le rôle de Colossus dans X-Men et celui de Félix dans Twilight…
Ça me fait marrer à chaque fois. Quand il était dans le premier X-Men, j’étais avec des copains au pays de Galles, à Llanelli. On était allé à Cardiff pour voir le film et on était tous morts de rire au milieu de la salle, alors que ce n’était pas du tout marrant. Je suis très fier qu’il ait réussi dans ce boulot-là parce que c’est hyper difficile de se faire un nom dans le cinéma.
« Je n’ai pas trop compris certaines décisions »
Sur le terrain, vous êtes bien moins sanctionné qu’auparavant…
Bien sûr j’ai évolué. J’essaie de m’améliorer chaque semaine, après chaque match. C’est sûr que si je fais une connerie et que je reçois un carton dans le match, je vais éviter de la faire dans le match suivant. Mais c’est vrai que c’était difficile au début. Je n’ai pas trop compris certaines décisions. Mais après quelques années, je comprends très bien comment ça marche.
Votre ancien entraîneur Vern Cotter vous a-t-il alerté ?
Vern m’a mis deux ou trois fois des ultimatums mais j’étais au courant aussi. Je savais que si je voulais continuer à jouer au haut niveau, je ne pouvais pas pénaliser mon équipe de 10 minutes ou plus tous les deux matches.
Que représente l’ASM pour vous ?
C’est un grand club, ça fait dix ans que j’y suis maintenant et j’ai vu les choses évoluer. Là je suis très fier de faire partie de ce grand club et de cette équipe parce qu’on avait accroché un premier titre européen en 2007 (Challenge européen contre Bath, ndlr), après il y a eu ce fameux Bouclier de Brennus en 2010 (contre Perpignan) et là on est encore très proche d’arracher un titre européen. C’est sûr, moi je vais faire le maximum pour l’emporter et je suis très heureux de faire partie de ce grand club.
Vous avez une relation particulière avec les supporters clermontois…
Quand je pars en ville prendre un café, on parle rugby avec beaucoup de monde. Mais ça fait plaisir parce que les gens ici ne sont pas des spectateurs, ils sont des vrais supporters. Ils connaissent le rugby, ils connaissent le jeu. Même si on gagne, parfois ils nous engueulent, même si on perd, parfois ils nous félicitent parce qu’on a fait un bon match. Ils connaissent bien le rugby et ça c’est important parce que dans les moments difficiles, on sait que le public est toujours derrière nous.
Vous sentez-vous redevable envers lui ?
Le mec qui sort du boulot le samedi, qui est un peu frustré de sa semaine, il veut qu’on essaie de bosser comme il faut sur le terrain, de donner deux, trois « carreaux » à l’adversaire en face. Ça relâche le stress pour les gens dans les tribunes. Moi j’apprécie ça parce que je bossais avant et je sais ce que c’est d’aller voir les matches de hockey sur glace chez moi et d’essayer d’envoyer un peu ton stress de la semaine en voyant ton équipe préférée batailler et arriver à gagner le match. Comme je disais, ce sont les supporters qui font vivre le club, ce sont eux qui payent mon salaire. S’ils ne sont pas contents, ils vont nous le dire mais nous on essaye de faire le boulot et d’assurer au maximum.
« Je suis toujours là et fier de l’être »
Vous allez défier Bakkies Botha dans cette finale de Champions Cup…
C’est un plaisir de retrouver des grands joueurs comme ça. Je viens du Canada, ce n’est pas une grande nation du rugby. Rivaliser avec des mecs comme Ali Williams, comme Botha, comme le reste de l’équipe, qui sont des noms du rugby mondial… Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de monde qui pense à moi, qui parle du grand deuxième-ligne de ces dix dernières années parce que c’est un petit joueur du Canada. Mais je suis toujours là et fier de l’être. Je vais essayer de faire mon maximum comme chaque week-end.
C’est la fin de l’aventure pour les Clermontois Julien Bonnaire, Julien Pierre, Aurélien Rougerie et vous-même. Cette finale est donc particulière…
Cette année, on est bien placé pour la Coupe d’Europe et derrière, j’espère être en place pour le Bouclier aussi. Julien Bonnaire a parlé la semaine dernière en disant : « On n’a pas beaucoup de chance dans une vie de le faire pour nous les vieux, il faut la saisir comme il faut. »
Il vous reste encore un an de contrat et vous avez déjà pensé à l’après-rugby, en achetant des vignes autour de Clermont. Votre cuvée s’appelle « Sin Bin », exclusion-carton jaune en français…
Carton rouge, carton jaune et le rosé, carton rosé/troisième mi-temps. On a joué un peu avec mon passé dans le rugby, et mes nombreux cartons. D’ailleurs, c’est marrant que l’on parle de mon record dans la discipline ces dernières années parce que ma femme me demande toujours où sont les cartons, « parce que ça fait un bon coup de marketing pour le vin si t’arrives à chopper deux, trois cartons dans le match ». Je lui dis : « Non, non désolé chérie, ce n’est pas possible ! ».
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6 Commentaires
Finale samedi super électrique en prévision!!
Fin de cycle de part et d’autre …
Ça vas s’envoyer grave !!!
Il ne faudra pas craquer les premiers !!
La paternité l’a assagi.
Sacré bonhomme, je le kiffe.
Il y a des VIGNES , AUTOUR de Clermont????
Elles ne gèlent pas avec ce froid intense et sans fin ???
Le froid n’empêche pas le vin…l’Alsace, la Bourgogne, la Savoie 😉
Un énorme joueur qu’on aurait su apprécier en rouge et noir. Il n’aura pas eu la carrière internationale qu’il aurait pu avoir en naissant sud-af ou autre.
Et j’avoue que Botha/Cudmore ça m’aurait fait kiffé 😉
Dommage , ce joueur avait également largement sa place dans l’élite mondiale à son poste . Un sacré phénomène physique n’empêche . Du vrai bûcheron Canadien . Elément que j’ai toujours apprécié du reste . Les duels à ce même poste Samedi après midi , risque d’être chauds et très hauts en intensité . :sweat: