Tout ce que vous devez savoir sur le manager Toulonnais: Bernard Laporte
Tout ce que vous devez savoir sur le manager Toulonnais: Bernard Laporte
Le jeudi 23 avril 2015 à 18:45 par David Demri
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A bientôt 51 ans, après avoir atteint les sept finales des sept compétitions disputées à la tête du RC Toulonnais, Bernard Laporte est en route pour un triplé historique en Coupe d’Europe. Presque aussi caricatural que sa marionnette des Guignols, ce personnage populaire a vécu plusieurs vies en tant que joueur, entraîneur, sélectionneur du XV de France, secrétaire d’Etat, acteur de publicités… Tant d’expériences qu’il lui a fallu trois autobiographies pour se raconter. Voici ce que vous devez savoir sur «Bernie».
1. BERNIE LE DINGUE
C’est le petit nom donné à Bernard Laporte lors de ses quatre saisons en tant qu’entraîneur du Stade Français, entre 1995 et 1999. «Dingue» parce que l’ancien capitaine du CA Bègles ne ménageait pas ses hommes. Exigeant jusqu’à l’extrême, ses entraînements ont laissé des souvenirs douloureux dans les esprits. «Bernard est d’une exigence folle, racontait dans notre quotidien le pilier du club parisien Serge Simon, en 1998. Il en veut toujours plus. Parfois, c’est exagéré parce que c’est plus de tout, toujours. Plus de mêlées, plus d’entraînements, plus de présence… À tel point qu’il doit lui arriver de vouloir nous enfermer dans un manoir, isolés du monde, pour nous avoir à son entière disposition.»
Fou de rugby, impulsif et surmotivé (il n’avait que 31 ans quand il est devenu coach du Stade Français), son verbe fait mal dans le vestiaire. En mars 1998, un match nul contre l’USAP (32-32) l’avait mis dans une rage incroyable. «Toi, je te déchire ton contrat, c’est fini», avait-il lancé à Grant Ross. Le deuxième-ligne néo-zélandais n’avait même pas pris le temps d’ôter ses crampons et avait quitté le stade illico, sac de sport et costume sur l’épaule.
2. BERNARD L’AUTEURLa vie de Bernard Laporte est si remplie et lui un homme si volubile qu’il lui a fallu trois livres pour se raconter. Le premier, Le rugby m’a fait homme, est paru en 2007. Il y parlait de son enfance, de son tragique accident de voiture qui a bouleversé sa vie, de sa découverte du rugby. Dans Un bleu en politique, le deuxième ouvrage, paru deux ans plus tard, il évoquait son expérience de secrétaire d’Etat aux Sports. En 2013, enfin, est sorti Petites histoires secrètes du rugby, dans lequel il livrait sa vision du rugby et ses souvenirs.
3. BERNARD LA GRANDE GUEULESon charisme et sa passion parfois excessive du rugby ont fait de lui une personnalité phare du rugby, aussi suivie que décriée. Encore joueur, avec la première ligne Simon-Moscato-Gimbert, il porta le CA Bègles vers le titre de champion de France en 1991. Au Stade Français, on l’appelait aussi le «Kaiser», l’empereur, en allemand. Les mises en place dans le froid, sur un terrain détrempé et à la nuit tombée deux jours avant une demi-finale de Coupe d’Europe en Ulster, ne furent jamais contestées. A Toulon, c’est sa suspension pour soixante jours en raison de «propos tenus à l’encontre du corps arbitral» qui provoqua un sentiment de manque pour les joueurs.
4. BERNARD L’ACTEUR
Avant, Bernard Laporte tournait dans des publicités pour les jambons Madrange, les pâtes Lustucru ou les croquettes pour chien Canicaf. Mais ça, c’était avant. En fait, pas vraiment. Alors sélectionneur de l’équipe de France, il avait prêté son image à plusieurs marques et avait engrangé en 2007 environ 700 000 euros de contrats publicitaires. Une activité stoppée lors de son entrée en politique, mais qui a repris l’an passé, avec un spot plutôt kitsch pour Spor-Elec.
Bernard Laporte et le jambon Madrange 2 par Grand_schtroumpf_83
Bernard Laporte pour lustucru par Grand_schtroumpf_83
5. BERNARD LE PRÉCOCE
Bernard Laporte ne doit pas sa popularité au hasard. L’entraîneur a fait ses preuves et son ascension a été rapide. Après son départ de Bègles, le demi de mêlée officie pendant deux ans en tant qu’entraîneur-joueur au Stade Bordelais Université Club, de 1993 à 1995. Il se lance pour de bon en prenant les commandes du Stade Français, alors au troisième niveau national. En deux saisons, le Stade passe du groupe B à l’élite, pour finalement remporter le Championnat de France en 1998, puis la Coupe de France – héritière du Challenge Yves-du-Manoir – en 1999.
Cinq mois plus tard, à 35 ans, il succède à Jean-Claude Skrela à la tête du XV de France. En poste de février 2000 à octobre 2007, il a gagné quatre Tournois (2002 [Grand Chelem], 2004 [Grand Chelem], 2006 et 2007). Arrivé en 2011 à Toulon, il est parvenu à hisser le club en finale du Challenge européen et en finale du Top 14 face au Stade toulousain, en 5 mois. Les victoires sont venues un an plus tard, avec la Coupe d’Europe en 2013 et 2014 et le titre de Champion de France en 2014.
6. BERNARD LE PERDANT
Objectivement, le revers en finale du Top 14 2013 face à Castres (14-19) quelques semaines après le titre européen est un échec. Du point de vue toulonnais, non : au lendemain de leur défaite, les joueurs ont célébré leur sacre continental et ont été accueillis en stars sur la rade. «On a marqué l’histoire du club», préférait retenir Laporte. Les échecs qui ont le plus marqué le sélectionneur sont ceux subis consécutivement en demi-finales des Coupes du monde 2003 et 2007. Au point de penser à quitter son poste.
«Après la demi-finale, oui, dans ma tête, j’étais parti, déclarait-il dans nos colonnes peu après la demi-finale de Coupe du monde 2003, perdue 24-7 face à l’Angleterre. C’est un poste usant, où il faut de l’envie, de l’enthousiasme.» Soutenu par ses joueurs et sa Fédération, Bernard Laporte a poursuivi quatre ans de plus, pour en arriver au même point, avec une défaite dans le dernier carré face au même adversaire (14-9). «On est deux fois dans le carré final, est-ce un échec? Je ne sais pas», s’interrogeait-il en 2007 dans notre quotidien. Pour le «Kaiser», l’échec est bel et bien une notion toute relative.
8. BERNARD, LE BUSINESSMAN CANDIDE
Parallèlement à ses activités d’entraîneur, Bernard Laporte est devenu un homme d’affaires plus ou moins avisé. Il a débuté dans la gérance de bars, avant de lancer un restaurant à Bastille, à Paris. Il a également investi dans des casinos landais et girondins, avec des amis, puis les a revendus, avec une belle plus-value à la clé. Ce militant du rugby professionnel avant l’heure n’avait qu’une obsession après son départ de Bègles : «Prendre sa revanche, réussir dans le métier d’entraîneur et dans les affaires, expliquait le journaliste Francis Delteral dans nos colonnes en 2007. Il a envie de s’élever socialement, de gagner de l’argent, de fréquenter les puissants, de devenir quelqu’un.»
Son argent et ses ambitions font causer et l’écho se fait plus grand quand il obtient une autorisation d’agrandissement de l’un de ses deux campings sur la côte Atlantique, contestée par des associations de défense de la nature. Laporte a fini par les céder, comme un autre restaurant qu’il tenait à Arcachon. Mais c’est un homme de relations et si jusque-là il s’était tout au plus associé à d’anciens coéquipiers, il en est venu à investir le monde du rugby. En 2002, il réunit l’industriel Bernard Magrez, Gérard Depardieu et le sulfureux homme d’affaires algérien Rafik Khalifa pour tenter de sauver Bordeaux-Bègles. L’opération se conclut par un dépôt de bilan en 2003.
En mai 2011, c’est le Stade Français que veut sauver Bernard Laporte, désormais «dirigeant honorifique» du club, dont le déficit s’élève alors à environ 6 millions d’euros. Des deux pistes qui s’offrent à lui, il choisira la mauvaise. Le fonds canadien FACEM ne versera jamais les 12 millions d’euros promis alors que Max Guazzini et lui avaient repoussé une offre de la famille Savare.
Une affaire qui avait fait sourire Mourad Boudjellal. «Si tu achètes L’Escroquerie pour les nuls, tu mets l’histoire de la FACEM en première page», avait-il raillé dans notre quotidien, avant de s’interroger : «Bernard Laporte s’est fait avoir de façon simpliste ; ça ne correspond pas à son intelligence. Ça ne lui ressemble pas du tout. Peut-être a-t-il été emporté par la passion et l’urgence pour tenter de sauver le Stade Français?»
9. BERNARD LE POLITIQUE CONTRARIÉ
Son amitié avec Nicolas Sarkozy -née lors de parties de football dans le bassin d’Arcachon- lui a valu d’être nommé secrétaire d’État chargé des Sports, le 22 octobre 2007, dans le second gouvernement Fillon. Annoncé futur arrivant dans le gouvernement alors qu’il était en pleine Coupe du monde, Bernard Laporte s’est lancé dans l’aventure, sans la moindre connaissance des arcanes politiques. L’expérience s’est arrêtée brutalement le 23 juin 2009. Désapprouvé par le milieu politique lors de sa nomination, l’ex et futur entraîneur a traversé sa mission discrètement, ayant davantage fait parler de lui par ses désaccords avec sa ministre de tutelle, Roselyne Bachelot, que par ses mesures.
Son engagement à droite assumé ne l’empêche pas d’avoir été un mitterrandien convaincu, contremaître EDF et syndiqué.
10. BERNARD, CE GRAND TIMIDE
A son retour en tant qu’entraîneur, à Toulon, Bernard Laporte est décrié. Ça, il en a désormais l’habitude. Mais parler aux joueurs, les mener comme il savait le faire avant, ça, c’est autre chose. «Les premiers jours, il était en décalage, en retrait du terrain, avec un discours un peu passe-partout, pas “à la Laporte”», racontait le président du RCT, Mourad Boudjellal dans L’Equipe du 7 juin 2012. Après quelques rounds d’observations, il n’a pas fallu longtemps avant qu’il retrouve ses marques. «Il est rapidement passé du vouvoiement au tutoiement», soufflait encore Mourad Boudjellal. En revanche, pour ce qui fut de mémoriser le nom des joueurs, cela a pris quelques mois. «Je ne suis pas spectateur de rugby, s’était-il alors justifié. Entre 2007 et 2011, j’ai regardé tous les matches de l’équipe de France, mais peut-être deux ou trois de Top 14, à part les finales.»
En quatre saisons dans le Var, Bernard Laporte a eu le temps de prendre ses habitudes, et peut terminer sa dernière année de contrat sur un triplé historique en Coupe d’Europe. Après, il se verrait bien briguer la présidence… de la Fédération française.
Source: lequipe.fr
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2 Commentaires
c’est BERNIE Il n’y en a qu’un et il est à Toulon
Cétou :yes: :yes:
ALLEZ TOULON
C’est tellement vrai , en plus :rotfl: :yes: :yes: