Mourad Boudjellal s’exprime pour Var Matin

Mourad Boudjellal s’exprime pour Var Matin

Le mercredi 11 août 2010 à 12:03 par David Demri

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Comment appréhendez-vous votre cinquième saison au RCT ?
Ce sera la saison de tous les bonheurs ou de tous les malheurs. Il y aura une grosse déception parmi les équipes favorites et on va faire en sorte que ce ne soit pas nous. La barre est très haute cette année et l’attente énorme. Si on n’est pas champion de France, on va décevoir.

C’est souvent la deuxième année au haut niveau la plus difficile. C’est aussi votre avis ?
Avant, on était attendu car on portait un nom et un passé, et aujourd’hui encore plus, parce que nous avons des stars et des résultats. Si ce groupe arrive à passer ce cap, on risque d’avoir quelque chose de pas mal au bout. Il va falloir être dans la peau d’un favori et gérer nos matchs comme un favori.

Qu’est-ce qui peut faire la différence ?
La chance de ne pas avoir de blessés parmi les joueurs clés, l’état d’esprit du groupe, car c’est souvent celui qui a le plus envie qui va au bout et puis le talent, l’abnégation de soi au profit du collectif. Avec tout ça, et si nos adversaires sont un peu moins bons, on a une chance.

Quels sont vos favoris pour le titre ?
Je vois Biarritz faire une très grosse saison, avec Erick Lund qui va être l’une des révélations du Top 14 en deuxième ligne. Le Racing ne sera pas loin et puis il y aura une surprise, Montpellier ou Brive. Je pense que Clermont va se focaliser sur la H-Cup alors que Toulouse gagnera la compétition qu’il aura choisi de jouer à fond.

Est-ce que le RCT peut se permettre de jouer sur les deux tableaux ?
On va découvrir la H-Cup avec beaucoup d’appétit. On s’est qualifié pour la jouer à fond, pas pour se requalifier l’année prochaine. Si on pense toujours à l’année d’après, on oublie de vivre. La poule est relevée pour tout le monde, car je pense que le Munster et les Ospreys auraient préféré éviter Toulon.

« Paul Perez ? Un danger pour le groupe »

Parmi les recrues, qui vous a séduit jusque-là ?
George Smith que j’ai hâte de le voir associer à Van Niekerk et Lobbe. Messina est surprenant et proche de son niveau d’ex futur international. J’ai aimé l’envie de Samson, Rudi Wulf est bien, Sackey a envie de se battre et il faut laisser du temps à Hayman. Il est impressionnant dans le jeu et en mêlée, ça va venir. Lapeyre a fait un très bon match face au Racing, mais il faut qu’il apprenne à ne plus vouloir sauver la patrie en danger comme à Albi. Certains jeunes m’ont également bien plu comme Orioli ou Bonnet. Et puis je trouve que Wilkinson est en train de retrouver son niveau de 2003. Il est de mieux en mieux.

Au sujet des recrues, estimez-vous, au final, que Paul Perez était un mauvais choix ?
Non, c’est un bon joueur. Maintenant, on a établi avec Philippe un cadre de vie dans lequel la préparation d’avant saison est très importante. Il devait être à Toulon le 20 juin et le 30 juillet, il n’était toujours pas là. Et puis on s’est aperçu que ses frasques extra-sportives étaient plus graves qu’on ne le pensait. Vu qu’il n’avait pas fait la préparation, on a estimé qu’il ne serait pas au niveau physique et qu’il représentait un danger pour le groupe. Il aurait pu créer une scission entre ceux qui l’auraient apprécié et les autres. J’ai donc pris la décision de ne pas le faire venir.

Va-t-on voir cette année un Mourad Boudjellal assagi ?
La Ligue souhaite mettre fin aux attaques et donc je pars du principe que tout le monde est beau et gentil. On va essayer de prendre de la hauteur. Jusqu’à maintenant, Toulon était un club rebelle, mais si on veut être un grand, il faut s’insérer dans l’establishment et policer son langage.

Un rôle contre nature…
On verra bien… mais je suis d’accord avec Pierre-Yves Revol (le président de la Ligue) pour dire qu’il faut garder nos valeurs rugby. Ce que l’on a vu pendant la Coupe du monde de foot et il y a quelques jours à Paris (bataille entre supporters pour un match du PSG), est inacceptable dans le rugby. Il faudra être vigilant sur la bonne entente entre supporters et entre joueurs. Si on ne conserve pas ça, on en mourra.

Comment ?
Si demain, une banderole fleurit à Mayol avec le mot « consanguin », ceux qui l’ont installée ne sortiront pas du stade. Ou si un jour, un supporter imite le cri du singe lorsqu’un joueur noir touche un ballon, je ferai arrêter le match et si l’arbitre refuse, je demanderai à mes joueurs de quitter le terrain. On ne peut pas transiger là-dessus. Au-delà des conflits entre dirigeants qui font partie du folklore, il y a un respect et une convivialité propres au rugby qu’il faut conserver.

Quels sont vos regrets et vos satisfactions de l’intersaison ?
Je regrette le départ de Sonny Bill Williams, parce qu’avec lui, on aurait été redoutable et j’aurais un peu plus de certitudes aujourd’hui. En même temps, c’est une fierté de se dire que le RCT a sorti un futur All Black. Pour ce qui est de la satisfaction, c’est que Jonny ne se blesse pas et reste au club.

Est-ce que vous êtes là encore pour longtemps où la remise en questions est annuelle ?
Par moments, j’éprouve de la lassitude et à d’autres moments, de l’envie. J’ai d’abord une échéance le 30 juin 2011, puisque ma convention avec l’Association pour cinq ans arrive à échéance. Aujourd’hui, le RCT pèse 20 millions d’euros sans moi. Cela peut créer des tentations. C’est une arme à doubles tranchants d’avoir voulu rendre le club indépendant de moi. Après, si on gagne le championnat et la H-Cup, pourquoi resterais-je ? Pour les regagner ? Ce qui est bandant, c’est de gagner. A l’inverse, si on joue le maintien, je vais me faire cracher dessus et je ne suis pas sûr d’en avoir envie.

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  1. trompette 11 août 2010 at 19h

    il ne se mouille pas non plus, pour qu'il y ait des banderoles sur les consanguins, il faudrait des équipes du Top14 au nord de Paris…

    oui, c'était une blague.

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