Matt Giteau se confie longuement avant la demi-finale Européenne contre le Leinster
Matt Giteau se confie longuement avant la demi-finale Européenne contre le Leinster
Le vendredi 17 avril 2015 à 10:16 par David Demri
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Longtemps absent à cause de blessures aux adducteurs, MATT GITEAU (32 ans) est revenu à temps pour le money time. Toulonnais jusqu’en 2017, il se verrait bien jouer à plus de 35 ans.
Comme la plupart de ses coéquipiers, il ne se rase plus. Sa barbe est rousse, la peau bronzée après plus d’un mois passé chez lui, en Australie, pour faire sa rééducation. Matt Giteau, élu meilleur joueur du dernier Top 14, avait démarré la saison à fond avant que ses adducteurs le lâchent. C’était à Belfast contre l’Ulster, en Coupe d’Europe, le 25 octobre (13-23, 2 e j.). Puis de nouveau en début d’année après un retour avorté. Opéré le 27 janvier, le génial attaquant toulonnais a rejoué le 5 avril, face aux Wasps (32-18, quarts de finale). Puis un match entier lors de la victoire à Grenoble samedi (24-35, 22e j.). On l’a rencontré en début de semaine à Toulon, accompagné de son compatriote Drew Mitchell, attentif durant l’entretien. Dans un français bluffant, où il manie aisément le second degré, Giteau a été comme d’habitude : sérieux et marrant.
« Après la victoire sur les Wasps (32-18), qui marquait votre retour en compétition le 5 avril, vous avez déclaré : “Je n’ai rien fait, seulement joué 35 minutes sans avoir mal.”
– J’ai fait mon boulot, quoi… Je voulais dire que, ce jour-là, beaucoup de joueurs avaient fait beaucoup plus que moi.
À 32 ans, vous étiez inquiet sur votre capacité à revenir ?
– Non, pas du tout. Quand je suis reparti en Australie(fin février) pour cinq semaines et demie, j’étais bien. J’ai d’abord travaillé pendant trois semaines dans un club à Canberra, puis je suis allé à Melbourne et à Sydney.
Le plus pénible, c’est quand vous avez recommencé à jouer pour un one shot contre le Racing-Métro, le 10 janvier, alors que vous étiez absent depuis le 25 octobre…
– Exact ! Ça, c’était le plus dur dans ma tête.
Vous n’aviez pas le moral ?
– Ah, ce n’est pas ça du tout ! J’aime ma vie ici, avec ma famille qui est heureuse. Cette blessure était juste enquiquinante pour moi. Mais c’est le rugby, la vie…. J’ai beaucoup de chance : en treize ans chez les pros, c’est la première fois que je suis blessé aussi longtemps, cinq mois.
Dans la vie, vous êtes toujours aussi positif ?
– Oui. Là, je me disais : je suis blessé, je travaille. C’est tout. Il n’y a pas à être triste. Et le spécialiste que j’avais consulté à Bordeaux m’avait dit que je pourrais rejouer six à huit semaines après l’opération, à condition de bien travailler. C’était clair pour moi.
Un jour où vous veniez de subir une injection dans les adducteurs à Bordeaux (fin octobre), vous avez tweeté que ça faisait très mal…
– Ah oui ! ça, c’était le pire pour moi. Ça pique ! J’avais fait l’aller-retour en avion, on ne peut pas conduire après un truc comme ça. C’était plus dur que l’opération.
« JE SUIS EXCITÉ AVANT CETTE DEMIE ! »
Aujourd’hui, vous vous sentez à 100 % ? Pouvez-vous beaucoup taper dans le ballon à l’entraînement ?
– Je suis à 100 %, je peux tout faire sans douleur. Mais je dois faire plus attention qu’avant. Si ça fait mal, j’arrête et je recommence un autre jour.
Le séjour en Australie vous a aussi fait du bien mentalement ?
– Oui, c’était bien car il faisait chaud, c’était l’été avec les saisons inversées. Magnifique ! J’ai profité de mes soeurs, de mon frère, de mes parents. Mon père et ma mère sont d’ailleurs ici, en ce moment. Ils restent jusqu’à la finale (de Coupe d’Europe, 2 mai)… si on se qualifie.
Le frère de votre épouse, Lance “ Buddy” Franklin, est une star du football australien, un sport méconnu en France. Au pays, c’est lui la vedette ou vous ?
– (Catégorique.) C’est Lance. Il est une vedette du sport n° 1 en Australie.
Vous vous êtes déjà entraîné ensemble ?
– Oui, de temps en temps on va à la salle de muscu. Mais on ne joue pas au ballon. Je fais des trucs, il essaie de faire pareil… s’il le peut. Mais il ne peut pas. (Rire.)C’est moi le plus fort !
Avant d’affronter le Leinster, dimanche à Marseille, quel est votre état d’esprit ?
– Je suis excité avant cette demie ! Je l’étais déjà avant les Wasps, mais c’est dur quand tu es remplaçant car tu dois attendre….
Mais, si on a bien compris, être remplaçant était votre volonté. Vous aviez dit à Bernard Laporte ne pas être capable de tenir 80 minutes…
– (Il acquiesce.) Physiquement, c’est dur un premier match. Maintenant, tout est redevenu normal. Je m’amuse avec Drew (Michell), on fait quelques trucs pas trop sérieux dans les jours précédant une rencontre.
« SI JE SUIS TROP VIEUX, TROP MAL, J’ARRÊTE »
Cette équipe du RCT a tout gagné la saison dernière et…
– (Il coupe.) Non, non, non ! Ce n’est pas comme ça. Même si ce n’est pas la première fois, c’est encore spécial pour nous. Une demi-finale, ce n’est pas facile, ce n’est pas du tout une habitude. On le voit à l’entraînement, cette semaine : c’est plus d’intensité, plus de “focus” dans la tête. On joue pour ces matches-là, pour gagner des titres.
Dès qu’on vous parlait de Jonny Wilkinson, vous répondiez qu’il n’y en a qu’un, au-dessus de tous les autres. Il a arrêté sa carrière et vous lui avez succédé dans le coeur du public de Mayol… Contre les Wasps, il y a eu une ovation lors de votre entrée en jeu…
– (Surpris.) Ah oui ? J’étais dans le match, je ne l’ai pas entendue. Avant le match, j’étais très concentré.
Sur un de vos premiers ballons, comme à votre habitude, vous baissez la tête, percez et les spectateurs font : “Aaahh…“ Vous êtes conscient que le public de Mayol attend que Giteau fasse du Giteau ?
– (Il rit.) Je comprends ce que vous voulez dire. J’en suis heureux, oui. C’est bien. Avant de venir à Toulon(en 2011), j’étais un peu… (il réfléchit) dépressif. Enfin pas dépressif, mais c’est juste qu’en Australie le rugby était devenu dur pour moi. J’étais très exposé dans les médias. C’est différent ici, je ne rencontre pas beaucoup la presse. Je reste en famille, tranquille. C’est beaucoup mieux. Et il y a la présence de Drew (Mitchell). C’est vraiment spécial de partager des moments avec lui sur le terrain, comme la saison dernière. Mais en dehors aussi. Il s’amuse avec mes enfants… Drew est comme de la famille.
Pierre Mignoni a officialisé son départ pour Lyon, dimanche. Vous êtes un des rares joueurs qu’il a personnellement prévenus. Vous en êtes fier ?
– Oui. Et très triste. Mais c’est une bonne opportunité pour lui, j’ai compris ses raisons. J’étais flatté qu’il m’en parle, on a travaillé quatre ans ensemble, c’est beaucoup de temps. Quand samedi il m’a annoncé son départ, dans le vestiaire après la victoire à Grenoble, c’était un moment spécial. Je ne m’y attendais pas du tout. La seule chose que je peux dire est : dommage pour nous, mais bonne chance à Pierre !
Vous avez prolongé jusqu’en 2017 (plus une année en option). Vous vous voyez jouer jusqu’à presque 36 ans ?
– Mais Jonny l’a fait ! Et il a gagné des titres, en plus !
Il avait 35 ans…
– Mais je suis plus fort que lui (rire). On verra. Si je suis trop vieux, trop mal, j’arrête. Mais je suis jeune dans ma tête. Bianca, ma femme, dit même que je le suis plus que Levi, mon fils aîné, 3 ans.
Vous rêvez de rencontrer un deuxième Bernard Laporte ?
– Et pourquoi pas ?
Vous aviez déclaré dans une interview (au Parisien, en novembre dernier) : “Grâce à Dieu, il n’y en a qu’un ! ”
– Il est fou, Bernard, mais c’est un mec qui connaît le rugby et qui est bon pour nous, pour notre équipe. Je suis fou aussi, mais… plus tranquille. (Il s’esclaffe.) Et je suis beau gosse ! Pas lui.
Quelle est la chose la plus surprenante que vous ait dite Laporte en quatre saisons ?
– Il a dit beaucoup de choses sur moi… (Il prend son temps, cherche.) Après un match à Agen où j’avais manqué peut-être trois pénalités, il m’a dit : “Oh, Matt, pourquoi tu ne peux pas taper comme Jonny ?” Je l’ai pris comme ça, devant tout le monde. Maintenant, ça me fait rire. »
Source: lequipe.fr
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3 Commentaires
Je l’adore !
La qualité première d’un ouvreur c’est qu’il rend meilleurs ses partenaires. C’est dans ce domaine que Matt est meilleur que les autres.
Les meilleurs matches du RCT c’est avec Giteau en 10. Ca n’enlève rien aux qualités de Michalack.
Drew et Matt au RCT, c’est à la vie à la mort. D’ailleurs Drew n’est jamais aussi bon que quand son ami est sur le terrain