Il a une petite protection sur son genou gauche, par précaution. Avec sa chasuble bleue, il galope à droite, à gauche, en ce début de séance animé par Jacques Delmas, hier après-midi. Frédéric Michalak plaisante avec Delon Armitage, qui figure dans le même tiers d’équipe. Dimanche, selon nos informations, il sera l’ouvreur du RCT pour la quatrième fois de rang. Bernard Laporte avait le choix entre Michalak et Matt Giteau en 10 ; il alignera les deux, l’Australien évoluant au centre avec Mathieu Bastareaud, Maxime Mermoz étant forfait (poignet droit).

« Fred » a gagné sa place pour affronter le Leinster et, pourtant, ce n’était pas écrit après sa grave blessure à l’épaule gauche – déjà opérée – le 13 septembre face au Stade Français. Ni même après son retour au jeu, le 28 mars, contre Toulouse à Marseille (défaite 34-24, 21e j.). Pour tout dire, Michalak n’aurait pas dû jouer le quart de finale de Coupe d’Europe face aux Wasps la semaine suivante. À Marseille, Bernard Laporte n’avait certes pas apprécié son imprécision dans les tirs au but (5/9), mais c’est davantage la défense de son ouvreur qui l’inquiétait. Bref, pour le manager du RCT, Michalak n’en avait pas fait assez, Laporte tranchait en faveur de Juan Hernandez, considérant que Giteau – opéré des adducteurs en janvier – était trop juste pour débuter. Fred serait devenu, au mieux, remplaçant polyvalent 9-10. Mais Hernandez s’est blessé à une cuisse le jeudi, trois jours avant la réception des Wasps, et, hop, retour du zébulon Michalak. Avec une pression terrible, en particulier en interne. Pour faire simple, c’était : ça réussit ou c’est frigo.

RÊVE DE MONDIAL

Plus tard, quand on se retournera sur ce printemps 2015, on saura si le soldat Michalak s’est sauvé comme un grand le dimanche de Pâques. S’il n’a pas traversé le terrain, n’a pas lourdement pesé au pied dans le jeu, il a soulagé le RCT face aux barres : 22 points à 8/8, a défendu rudement, sans appréhension. Une haie mieux franchie que la première et des points gagnés au jeu du « qui-sera-le-10-toulonnais-en-phases finales », puis encore à Grenoble samedi (succès 35-24).

En 2014, la place était sans aucune discussion réservée à Jonny Wilkinson. Michalak ? Titulaire lors des derniers matches de saison régulière en Top 14 pour faire reposer l’Anglais, et hors groupe ensuite. Hier matin, sous le soleil, les deux hommes se sont entraînés ensemble. Ou plutôt Wilkinson – retraité au soir du doublé Europe-Top 14 en juin dernier – s’est occupé de Michalak en particulier. L’Anglais, barbe de cinq jours quand Fred en affiche une de trois, est cette semaine à Toulon pour bosser avec les buteurs, échanger. Parler à l’oreille de son successeur printanier, aussi. Pour qui le rêve avoué il y a quelques jours dans la Provence de disputer le prochain Mondial paraît moins fou, aujourd’hui.

Source: lequipe.fr