S’il ne s’agit pas d’une première, la situation est tout de même assez atypique pour arracher des éclats de rire à Fabien Barcella.

« C’est vrai que ma situation est plutôt rigolote. Lorsque j’ai signé à Toulon en début de saison, j’étais loin de m’imaginer que j’affronterais le RCT sous un autre maillot… » Ainsi va le rugby professionnel, paraît-il, et sa manière de multiplier sans vergogne les situations ubuesques faute d’une rigueur digne des autres sports pour réguler les transferts.

« Lorsque je suis parti, jamais une clause pour que je n’affronte pas le RCT n’a été évoquée, sourit Barcella. Dans le rugby, ce genre de chose ne se fait pas trop. Après, j’avoue que je n’avais pas calculé en signant que j’aurais à affronter Toulon… Je vais essayer de les affronter comme n’importe quelle autre équipe. » Le vœu est pieux…

Mais est-ce vraiment possible ? Un compétiteur peut-il réellement aborder sans un minimum d’esprit de revanche une rencontre face au club qui ne le faisait jamais jouer (97 minutes au total, dont 77 en Top 14) ? « Oui et non, convient le Valencien. Mais ce serait complètement ridicule d’aborder ce match avec l’idée d’une revanche personnelle en tête, la seule chose importante, c’est l’équipe. Mon cas personnel, mes coéquipiers s’en fichent, et moi aussi : la seule chose qui compte, c’est de vaincre Toulon. À titre personnel, il y aura peut-être une petite saveur en plus, mais elle s’effacera sitôt sur le terrain. »

« LES TOUCHES ? J’AI QUELQUES SOUVENIRS… »

La saveur ? Peut-être. Sauf que samedi, Fabien Barcella bénéficiera d’un léger atout par rapport aux autres joueurs : celui de connaître les annonces en touche de ses adversaires, ainsi que leurssystèmes de relances de jeu. Tout sauf anodin…

« Cela aussi va être bizarre, rigole Barcella. Autant évacuer le sujet tout de suite et être clean par rapport
à ça : oui, j’ai quelques souvenirs. Mais ce genre de choses s’oublie vite, et je n’ai pas passé la semaine à dire à mes coéquipiers : « Attention, là ils font ceci, et ici ils font cela. » Et puis, pour tout vous dire, à Toulon, les membres du groupe sont séparés du reste de l’effectif. Et comme je ne jouais pas beaucoup, je me rends compte aujourd’hui que je ne connaissais pas grand-chose ! »

LA MONTAGNE PLUTÔT QUE LA MER

Pas grand-chose. Hormis les hommes, et l’orgueil des grands champions du RCT. Lesquels n’ont évidemment que peu goûté de se faire chatouiller en mêlée face aux Wasps la semaine dernière, et dont Barcella attend une réaction. « Je n’ai pas trouvé que Toulon se soit fait tant bouger que cela, corrige le néo-Grenoblois. Je les ai même trouvés
plutôt dominateurs mais l’appréciation de l’arbitre n’était pas la même. Mais connaissant Bernard Laporte et Jacques Delmas, il est évident que les Toulonnais vont porter l’accent sur ce secteur durant la semaine. Nous sommes prévenus. »

Barcella souhaitant relever le défi sans arrière-pensée, épanoui sous ses nouvelles couleurs. « Je souhaite au RCT d’entrer dans la légende en remportant une nouvelle fois les deux compétitions. Mais sincèrement, je m’éclate à Grenoble. Se réveiller avec la vue sur les montagnes enneigées, c’est un bonheur. Moi qui adore le vélo, lors du stage à l’Alpe d’Huez, je me suis régalé rien que dans la montée des lacets… Je suis un campagnard ! J’ai toujours préféré la montagne à la mer. »

Le secret d’une renaissance ? Barcella a en tout cas 80 minutes pour prouver à ses anciens partenaires qu’il n’est définitivement plus en rade…

Source: Midi Olympique