La semaine de préparation des Toulonnais a commencé avec 24 heures d’avance et presqu’aux aurores. Dimanche matin, à 8 heures, au grand dam de la colonie anglo-saxonne qui apprécie modérément d’être privée du sacro-saint dimanche en famille, l’ensemble des joueurs toulonnais était convié à l’une de ces fameuses séances vidéos d’après défaite qui font la légende de Bernard Laporte. Quatre jours plus tard, alors qu’il n’avait toujours pas digéré la défaite, l’exsecrétaire d’État nous détaillait le pourquoi du comment de ces rendez-vous particuliers. « Après un revers, surtout comme celui-là, j’ai tendance à ruminer. Il est important de se dire les choses rapidement pour pouvoir passer à autre chose. Alors bien sûr, il y a parfois des éclats de voix mais c’est aussi souvent là que l’on vide son sac que les non-dits sortent ». Et d’ajouter : « Après, tu peux te projeter vers autre chose. Lundi matin, quand on s’est retrouvé, tout le monde n’avait plus qu’une chose en tête : le match des Wasps », poursuivait-il, sûr de son fait et de sa méthode.

De son propre aveu, Bernard Laporte a pris énormément de plaisir cette semaine, après une déconvenue et juste avant un sommet. C’est pour ce genre de moment qu’il a choisi de revenir il y a quatre ans dans le rugby. Pour vivre ces instants, « où tu justifies ton salaire. C’est là qu’il faut être bon ». Il ne veut pas l’avouer mais, finalement, le revers face à Toulouse l’a servi. Il a sorti les doubles champions d’Europe et toujours champion de France de la douce euphorie dans laquelle ils s’étaient installés. Toulon vivait jusqu’à présent une saison linéaire. Sans fausse note. Il y avait bien eu la défaite face au Stade français (24-28) à Mayol en début de saison, mais la cascade de blessés avait servi d’excuse à tout le monde. La défaite face au Stade toulousain et, surtout, « le relâchement mental et la suffisance affichée » ont réveillé Laporte, friand de ces semaines si particulières. « Parce qu’un quart de finale de Coupe d’Europe n’est pas un des 26 matchs du Top 14. C’est à la vie, à la mort. Chacune de tes décisions et chacun de tes choix comptent autant que l’intensité mise aux entraînements. Tout cela aura une conséquence sur le résultat final. » Et alors ? « Je suis très satisfait de ce que j’ai vu aux entraînements... »

DES TÊTES SONT TOMBÉES

Laporte a aussi coupé quelques têtes, cette semaine. À l’inverse de sa période de sélectionneur, quand il n’hésitait pas à stigmatiser devant la presse, les joueurs incriminés, aujourd’hui il «tronçonne» en privé. Dans l’intimité du vestiaire et des séances à huis clos. Mais son XV de départ trahit son jugement. Et certains ont payé cher le retour en grâce du Stade toulousain, vainqueur à Marseille. On pense bien sûr à David Smith, qui sera suppléé par Josua Tuisova. À Frédéric Michalak, qui laisse sa place à Juan Martin Hernandez, et, plus surprenant. À l’Argentin Juan Martin Fernandez Lobbe, suppléé par Mamuka Gorgodze qui piaffe d’impatience depuis plusieurs semaines. Et enfin à Ali Williams, qui a eu Bernard Laporte sur son dos toute la semaine, mais qui pourrait sauver sa tête pour son importance en touche.

« C’est dans les matchs de phases finales que l’on voit les champions. Et puis, le seul respect que l’on doit avoir entre nous, c’est la vérité du terrain. On ne joue pas avec des pièces d’identité et quand un joueur n’est pas bon, il doit laisser la place à un autre. J’ai cherché à faire la meilleure équipe du moment », argumente Bernard Laporte.

Preuve que ce match n’est pas comme les autres, ses joueurs se retrouveront dès demain, samedi, pour une mise au vert dans les environs de Hyères, contrairement aux habitudes des matchs à Mayol, où le rappel des troupes ne sonne qu’à trois heures du coup d’envoi. Enfin, si ses joueurs ne veulent pas retrouver Bernie le dingue, ils savent ce qu’ils ont à faire dimanche…

Source: Midi Olympique