Pierre Mignoni évoque ses racines Toulonnaises
Pierre Mignoni évoque ses racines Toulonnaises
Le jeudi 2 avril 2015 à 11:23 par David Demri
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Pierre Mignoni, l’entraîneur des arrières toulonnais, est très attaché à sa ville, où nous l’avons accompagné avant la venue à Mayol des Wasps, dimanche en quarts de finale de la Coupe d’Europe.
« Tu te rends compte ? Ce jour-là, on a pris le bateau, là, devant chez mes parents. » Le 1er juin 2014. Le Rugby Club Toulonnais rentre chez lui après ses campagnes victorieuses, Coupe d’Europe et bouclier de Brennus en étendards. Pierre Mignoni, entraîneur des trois-quarts, depuis le bateau, regarde les HLM du Port-Marchand, où vivent André et Francine, ses parents, employés municipaux : « J’ai pleuré… C’était beaucoup d’émotions, de choses remuées. » Mignoni, le joueur, a voyagé (Béziers, Dax, Clermont) et très peu gagné. « Un Grand Chelem avec les Bleus en 2002 quand même, mais ce n’était pas pareil. Ici, c’est ma ville. » Ici, il est « Pierrot », du quartier du Port-Marchand. « Je finirai ici », rigole-t-il, en désignant ici « la librairie où j’achetais toutes les fournitures scolaires », là le Stop Bar où il a apporté le bouclier de Brennus en juin… On est maintenant devant la tour K 3 de la cité. « J’y ai vécu une vingtaine d’années, au 3e étage. » Un ancien voisin s’approche, sourit : « Salut Pierrot. Je t’entends plus que je ne te vois… » Car Mignoni s’est installé à une quinzaine de kilomètres, à Carqueiranne, avec Julie, son épouse. Mais reste attaché à cet endroit, entre le stade Mayol, la caserne de pompiers où exerçait son grand-père, l’école maternelle Camille-Saint-Saens… « Tout est très proche. Tenez, regardez, voilà le gymnase où je jouais au foot, où j’étais le seul à avoir un ballon de rugby. Ma mère m’interdisait d’aller plus loin. Elle était sévère ! » Il rit. « J’ai eu une éducation fabuleuse, avec beaucoup d’amour. On n’était privés de rien, même si on n’était pas riches. On partait chaque année en vacances, mes parents se saignaient pour nous. » Alors, est-ce une revanche sociale ? « Pas du tout. J’ai basé toute ma vie sur le travail, alors c’était juste une récompense. »
En retard au premier entraînement. – Francine Mignoni hâte le pas, c’est le grand jour pour son fils, sept ans. « Mon premier entraînement à Mayol ! On est arrivés en retard », se rappelle-t-il, alors qu’il est très rigoureux. Trois cents mètres, peut-être, séparent l’immeuble K 3 du stade. « On allait souvent à Mayol. Avec mon père, un ancien bon joueur de la B, on partait très à l’avance. Je regardais l’échauffement des joueurs. Ouais, déjà. » On sort de Mayol, par l’avenue des Légendes. Il désigne une plaque, celle de Marcel Bodrero, ancien arrière du RCT, créateur du Pilou Pilou,décédé en décembre 2011. Mignoni, ému : « Ça, c’était un bon mec. Il était mon président à l’école de rugby. À l’époque, il n’y avait pas le Pilou Pilou au stade ; Marcel nous apprenait les paroles dans le vestiaire et on le chantait entre nous, dans le bus. »
ILS SONT LES MAL-AIMÉS… – « On ne nous aime pas. » Si un type avait l’idée d’imprimer des tee-shirts avec ces mots-là, il habillerait toute la ville. C’est sûrement la phrase que partagent le mieux les Toulonnais, nantis ou non. « On ne nous aime pas », glisse Mignoni en buvant son café à la Tribune, un bar à 5 mètres de Mayol. « Mais, avec du recul, est-ce qu’on est vraiment mal aimés ? On peut ne pas être aimés, mais sans être détestés. J’ai le sang d’ici, je suis parfois colérique, mais le fait d’être parti m’a fait voir d’autres choses. » Et de se dire que, finalement, tout n’est pas contre Toulon…
ET GALLION PASSE À WILKINSON. – « J’ai un rêve. » Oui ? « Je rêve un jour de voir Jérôme Gallion et Jonny Wilkinson se faire des passes à Mayol. Qu’on leur mette un maillot rouge et noir et qu’on fasse un match à toucher, ce que vous voulez… Pour que les générations de joueurs se rencontrent. Ah, revoir André Herrero (77 ans en juin) en short et maillot du RCT à Mayol… La recette serait versée au centre de formation, à une bonne oeuvre. » Il s’emballe : « Il faut parler de cette génération actuelle merveilleuse, bien sûr, mais j’aimerais que le RCT soit encore meilleur dans cinquante ans. » Il s’amuse : « Et j’aimerais voir ça ! »
QUAND MAYOL TREMBLE… – Mignoni sur la pelouse, seul. « Quand les joueurs sont sur le terrain, tu entends les tremblements. » Il se moque ? « Non, non. Je vous assure. Ça tremble. » Le jardinier de Mayol confirme. Il y a vingt-cinq centimètres de pelouse, dix de drainage, une dalle… et un parking et une route en dessous. Planté dans les 22 mètres, Mignoni pointe du doigt, à l’opposé, au-dessus de la tribune Delangre :« Pendant l’échauffement, je regarde des tours de ma cité : je suis bien, il ne peut rien m’arriver. »
QUAND MAYOL CHANTE… – « Si tu aimes la thalasso, tape dans tes mains », entonna tout Mayol un jour que le Biarritz Olympique venait de prendre un essai. Face à Brive, il y a un mois, les 15 000 spectateurs ont chanté, à propos de l’ailier David Smith, dont le contrat ne sera pas prolongé en juin : « On veut le garder, on veut le garder. » « Quand tu es né ici, que tu n’as pas voyagé, le comportement du public de Mayol est juste normal, avoue l’ancien demi de mêlée. Les gens ressemblent à la ville, sont excessifs. » Devenu coach, ça fait quoi Mayol ? « Je descends par la droite, je regarde vers les tours de ma cité… J’entends les gens qui crient “Pierrot“. Je ne réponds pas, évidemment. Je pense au match. C’est un moment fabuleux. »
IL A DÉJÀ INVESTI DANS LE QUARTIER. – C’est un restaurant du Mourillon, avec sa plage, ses transats et parasols… Pierre Mignoni est directeur général du Cabanon depuis l’automne, à un gros kilomètre de la cité du Port-Marchand. Il nous présente sa doublure :« (Mon) cousin Nicolas qui me ressemble comme un frère. » Leurs pères sont frères, leurs mères sont soeurs. Nicolas travaille au Cabanon à plein temps, Pierre y vient régulièrement. Derrière, sur les grandes pelouses, il a acquis un espace de jeux pour enfants. « Je venais ici gamin. Gérer ces business à cet endroit-là, j’en suis encore plus… » Il ne termine pas. Le dimanche, il vient avec ses filles, Louna (8 ans), les jumelles Bella et Lia (3 ans le 25 mai). À elles les trampolines ! Sourire : « Je ne les fais pas payer… »
Source: lequipe.fr
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4 Commentaires
BRAVO PIERROT !.. Absolument touchant et émouvant . Nous t’aimons très fort PIERRE . :inlove: Même ceux qui ne sont malheureusement pas TOULONNAIS . ALLEZ RCT ! :victory:
Il faut qu il soit le Noves de Toulon , il est bine parti
Je n’ai jamais pu lui rendre le ballon de foot qu’il avait oublié au gymnase il y a peut-être 22 ans.
Voleur !