« J’ai un peu parlé dans le vestiaire. Mais passer après Bernard, ce n’est pas possible. C’est comme passer après Attila… » Mourad Boudjellal n’a pas besoin d’en dire plus. On comprend que Bernard Laporte, l’entraîneur de Toulon, a causé sévère dans le vestiaire. « Il n’a pas hurlé, mais a été ferme. Il a dit des vérités à des joueurs. Je ne peux dire qu’une chose, je suis d’accord avec lui », confie le président du RCT. Laporte s’est fait excuser et n’est pas venu devant la presse. Il a gardé un fond de sauce pour ce matin, 8 heures, pour une séance vidéo des familles. Murs de Berg – le centre d’entraînement toulonnais –, soyez gaillards, ça va tonner !

« Des mots durs de Bernard ? Ils sont surtout justes. Et ça me paraît logique, confie Maxime Mermoz. C’est normal de faire une vidéo en suivant : il faut regarder la vérité en face. Ce n’est pas la première fois qu’on a beaucoup d’avance (les Toulonnais menaient 18-0) et qu’on perd.  » Même constat chez Mathieu Bastareaud : « On se demande comment on peut perdre ce match-là. Je ne veux rien enlever à la partie du Stade Toulousain, mais, de notre côté, ç’a n’a pas été. Nos deux essais (Tuisova, 22e, 32e) nous ont peut-être endormis. Tout le monde voulait croquer, jouer à la baballe.  »

Un exemple ? À 18-0, alors que l’écart aurait pu être plus large sans trois échecs au pied de Michalak, Ali Williams, en position de centre, commet un en-avant. Pas suffisant : il met un shoot dans le ballon au lieu de stopper l’action. Récupération toulousaine, relance de Médard, essai de Doussain en coin : 18-7. Le début du n’importe-quoi toulonnais. « On a gâché la fête, alors qu’on avait montré une supériorité collective et qu’on n’avait plus qu’à enfoncer le clou, soupire Mermoz. Ça ressemble au scénario de Bordeaux (défaite 23-28, le 21 février, après avoir mené 20-9). J’aurais vraiment eu du mal à l’imaginer en première période.  »

« On n’a plus de légitimité, tranche Boudjellal. Ce match m’a fait plus penser au RCT qui jouait le maintien il y a quelques années qu’à un champion de France. Nous allons rendre le bouclier à la Ligue cette semaine.  » Il n’en fera rien, mais, derrière la foucade, on doit lire un grand agacement. « Des joueurs sont passés à côté de leur match. Ils ne le feront pas toute la saison. » Les coupables ? Il ne les citera pas, les têtes tomberont dans l’intimité. Mais il lâche les noms des joueurs dont le RCT a besoin : « Halfpenny qui met les tirs au but, Giteau, Botha, Juan Smith, Habana qui reste Habana en défense.  » Autrement dit, ces absents d’hier – convalescents – débuteront, en toute logique, le quart de finale de Coupe d’Europe, dimanche prochain. « Et j’espère que si on avait la tête aux Wasps, on ne l’aura pas à Grenoble dans une semaine », avertit Boudjellal.

Source: lequipe.fr