Maxime Mermoz: « Quand tu es un gagneur, tu ne regardes que devant »

Maxime Mermoz: « Quand tu es un gagneur, tu ne regardes que devant »

Le samedi 28 mars 2015 à 10:34 par David Demri

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mayol-mermozMaxime Mermoz, qui a pleinement savouré son retour en bleu avec deux matches réussis sur un plan personnel, retrouve l’attaque toulonnaise face à Toulouse.

Il fait des allers-retours en équipe de France depuis plus de deux ans mais a sans doute marqué des points précieux à Rome (29-0) et à Twickenham (35-55). Cette semaine, à Toulon, on a retrouvé un Maxime Mermoz libéré, celui dont Philippe Saint-André, au début de son mandat, souhaitait faire le patron de sa ligne offensive. À vingt-huit ans et 30 sélections, le Toulonnais semble avoir pris de la distance sur les choses.

« Ça valait le coup d’attendre avant de revenir en équipe de France ?

– Je serais bien revenu avant, mais… Il n’y a pas de meilleur moment, mais c’est toujours plaisant de revenir. L’équipe avait besoin de relever la tête. Quand tu arrives, tu as plus d’optimisme (que les autres), plus d’insouciance, moins le poids des semaines précédentes.

À Rome ou à Twickenham, aviez-vous cette notion de dernière chance ?

(Sourire.) On en a déjà parlé en novembre : ah, la fameuse dernière chance… Je pense que c’est à force de dire ça que tu ne joues pas comme tu aimerais, ou que l’équipe déjoue.

Mais êtes-vous entré sur le terrain en vous disant : “si je me plante, je vais disparaître jusqu’au prochain sélectionneur, après la Coupe du monde” ?

– Pas du tout. Pas une fois. Au contraire, je me suis dit que, vu que je n’étais pas là au début du Tournoi, c’était une opportunité. Je n’y ai vu que du positif. Vu que je me régale sur le terrain depuis le début de saison, il n’y avait aucune raison pour que ça ne continue pas, mais vraiment aucune.

Vous vous dites parfois, quand passent de nombreux centres chez les Bleus, qu’on oublie que vous avez joué la finale de la Coupe du monde 2011 ?

– Mais je m’en fous de ça ! Ce qui compte, c’est le présent, pas le passé. Si tu te poses toutes ces questions, tu te tires vers le bas. Quand tu es un gagneur, tu ne regardes que devant, le sommet où tu veux aller et tu y vas. Après, parfois, tu as des embûches, tu trébuches : c’est ta faute, parfois c’est extérieur. Tu ne peux pas en vouloir à qui que ce soit. C’est comme ça. Une fois, je dis bien une fois, j’ai osé dire que je trouvais injuste ma situation en équipe de France (*). Peut-être que je n’aurais pas dû, mais je suis resté respectueux. J’ai été un petit peu… (écarté) mais rappelé le Tournoi d’après.

Pensez-vous avoir perdu du temps depuis 2012 ?

– (Sourire.) Plutôt des sélections. Quand tu as l’impression de tout faire pour, d’être performant, et que tu n’y es pas, évidemment c’est frustrant. Mais je n’y pense plus.

À l’automne 2012, vous étiez celui qui “fait bien jouer les autres”, selon la formule de Philippe Saint-André. Puis vous n’avez plus joué…

– (Il élude.) C’est rigolo… J’ai toujours été capable de jouer pour moi et pour les autres. C’est ça être un joueur complet : s’adapter aux situations.

Mais on a l’impression que vous jouez quand même davantage pour les autres…

– (Il hausse le ton.) Non ! Non ! Je n’aime pas du tout cette façon de voir les choses. C’est le jeu qui veut ça, pas moi. C’est moi qui décide de faire ça parce que c’est le jeu. Si on regarde un match, je vais peut-être jouer 30 % des ballons en pénétration, 30 % une passe sur un pas ou porter le ballon pour faire jouer les autres, etc. Le nombre de fois à Toulon où j’ai transpercé la ligne sur des lancements de jeu…

«  ÉVIDEMMENT QUE J’AURAIS AIMÉ AVOIR DU TEMPS DE JEU EN PHASES FINALES »

Revenons à Twickenham : vous préférez marquer sur le service de Guilhem Guirado, après une combinaison, ou asseoir l’Anglais Watson pour servir Nakaitaci avant l’essai de Debaty ?

– Les deux sont aussi jouissifs. Le grand public ne retiendra qu’une chose (son essai) alors que le spécialiste de rugby verra surtout le travail fait en amont(le cadrage-débordement sur celui de Debaty).

En club, le money-time approche. En 2013 et 2014, vous avez souvent été remplaçant pour les gros matches…

– (Du tac au tac.) En phases finales, j’ai toujours été remplaçant. Mon dernier match comme titulaire, c’est la finale de la Coupe du monde 2011.

Le vivez-vous comme une injustice ?

– Mais c’est le choix du coach ! C’est comme ça. Bernard (Laporte) a cette vision. Je sais ce qu’il veut faire, comment gagner les matches et pourquoi il utilise tel ou tel joueur. Ce qui lui donne raison, ce sont les résultats. Le principal, c’est de gagner des titres. Mais évidemment que j’aurais aimé avoir du temps de jeu en phases finales.

En 2013, en Coupe d’Europe face à Clermont (16-15), vous n’étiez pas entré en jeu, mais on se souvient de votre joie, sautant d’un joueur à l’autre sur le terrain…

– (Surpris.) Heureusement que j’étais heureux ! Je me tape toute la saison, mais je ne joue pas la finale et ça veut dire que je ne suis pour rien dans tout ça ? La saison dernière, j’avais le deuxième temps de jeu de l’équipe, j’étais le deuxième marqueur d’essais. On ne peut pas dire que je ne suis pas performant, sinon je ne jouerais pas. Et puis quand tu regardes tes copains en tribunes qui n’ont même pas le maillot… C’est pareil en équipe de France. Tu vois des gars en costume. Mais qu’est-ce qui fait qu’ils sont en costume et pas moi ? Face au pays de Galles (13-20), non retenu, j’étais invité par un partenaire avec ma femme, en tribunes. Deux semaines plus tard, j’étais sur le terrain, à Rome : acteur. Là, tu comprends que tout ce qu’il y a à prendre, il faut le prendre à fond. Aujourd’hui, c’est toi qui es là, demain ce sera un autre. Puis encore toi… Tout est instable, cyclique. »

Source: lequipe.fr

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