Gabriele Bartolucci, avocat d’affaires et meilleur ami de Diego Dominguez, décrit le lieu en ces termes : « L’Enoteca est la plus belle cave de Rome. Bienvenue. » Le numéro 2 de l’Euroligue de basket commande alors un vin de Sicile, un autre de Toscane, un dernier de Vénétie. L’assiette de Mortadelle qui accompagne l’apéritif ? Diego n’y touchera pas. « J’essaie de m’entretenir, vous comprenez. Tous les matins, je fais une heure d’exercice, tennis, footing ou vélo. Sept jours sur sept, depuis trente ans. Il m’arrive même d’aller buter de temps en autre. » Et ? « J’ai perdu un peu de puissance mais la précision reste plutôt correcte… »

De fait, l’ancien demi d’ouverture de la Squaddra azzurra et du Stade français traverse le temps sans vraiment changer, promenant ses deux billes bleues sur le monde avec un inextinguible appêtit. « Je n’ai jamais pris de vacances de ma vie. Sur un canapé, sur une plage, devant une télé, je m’emmerde. J’ai besoin de bouger. Tout le temps. »

Son fils Piero, 19 ans, a récemment quitté le bercail de Buenos Aires pour s’engager dans un club d’Auckland. « Il est demi d’ouverture, comme son papa. A ses débuts, il avait tous les journalistes sur le dos. Je lui ai dit : « Quitte l’Europe, enlève-toi cette pression inutile et reviens plus fort. » Et Piero apprend très vite, au pays des All Blacks. »

La pression, parlons-en. En juin 2016, Diego Dominguez prendra donc les rênes d’un des clubs les plus titrés d’Europe. « Plus les jours passent et plus j’ai hâte. Peur ? Peur de quoi ? J’ai joué vingt ans au plus haut niveau. La pression, je sais ce que c’est. » Afin de se préparer au défi qui l’attend sur la Rade, lui qui n’a encore jamais entraîné s’est livré à un tour du monde des clubs, d’Auckland à Bloemfontein, de la Western Force aux Waikato Chiefs. « Je sais déjà quel jeu je souhaite mettre en place. J’ai bossé pour ça. »

TRINH-DUC, OUI MAIS…

Diego Dominguez n’a jamais cru au génie. Sa dope, c’est le travail, le labeur, la répétition. « Je n’ai jamais été un surdoué. Mais je bossais plus que tout le monde, 365 jours par an. C’est ce message là que je transmettrai à Toulon : amenez moi tous les magiciens du monde, nous les battrons avec de la constance, de la discipline et du travail. »

Lui qui vit entre Buenos Aires, Milan et Paris ne perd pas une miette du Top 14. Son premier choix à l’ouverture, en France serait d’ailleurs François Trinh-Duc. A une condition, toutefois : « Cela fait six ans que ce joueur, surdoué, évolue au plus haut niveau. Mais a-t-il progressé ? Non. Même musculature, même jeu au pied, même inconstance. Il ne travaille pas assez. Si Trinh- Duc bossait une heure de plus de son côté, tous les jours, il serait indiscutable en équipe de France. »

Et Diego de nous expliquer en quoi consistait, l’an passé, l’entraînement de son fils : lever à 6h10, dix kilomètres de vélo jusqu’à l’université, huit heures de cours, « skills » au crépuscule. « Il passe des bonnes nuits, croyez-moi… »

Source: Midi Olympique