Décidément, rien n’est simple entre le Stade de France et le monde du rugby. Souvenez-vous, en 2009 c’est un concert de Johnny Halliday qui forçait la LNR à déplacer la date de la finale du Top 14. En 2012, la pelouse gelée, inutilisable, un soir de France — Irlande avait passablement agacé la FFR. En 2016, le Stade de France étant réservé pour l’Euro de football, la finale du championnat se déroulera à Barcelone. Et on vous épargne les interminables discussions autour de la renégociation de la convention liant le consortium à la FFR…

Cette fois-ci, c’est Paul McCartney qui pose souci… Lundi dernier, nous vous révélions les inquiétudes des instances
dirigeantes du rugby français en raison de la tenue d’un concert de l’ancien Beatles dans l’enceinte dyonisienne le 11 juin, soit 48 heures avant la finale du Top 14. Dans nos colonnes, le président de la LNR avait tenté de dédramatiser : « Nous faisons confiance au Stade de France pour nous livrer une pelouse de qualité. Il appartient aux responsables du Stade de France de faire le nécessaire tout simplement pour nous livrer un stade prêt à accueillir une finale. »

En vérité, le président Goze s’est tout de même fendu d’un courrier, que nous nous sommes procuré, à destination du Directeur Général délégué du consortium du Stade de France, Alexandra Boutelier, avec copies à Patrick Kanner
(ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports), et Thierry Braillard (secrétaire d’État aux Sports). Un courrier très offensif dans lequel les dirigeants de la LNR se disent « stupéfaits » et dénoncent « une absence totale de concertation préalable et la mise devant le fait accompli ». Le président de la LNR réclame également des garanties du Stade de France sur « la qualité de la pelouse sur laquelle se déroulera la finale », sur « le planning d’activités prévu pour le concert […] et la certitude que l’ensemble des opérations de montage et démontage concernant la finale du Top 14 pourront avoir lieu dans les délais », et sur « les horaires où les équipes finalistes vont pouvoir s’entraîner, la veille et le jour de la Finale, sur un terrain et dans un stade configurés ». Autant d’inquiétudes légitimes quant au bon déroulement de l’événement majeur du rugby français.

UN COURRIER « PLUS FACTUEL » DE LA FFR

Des remarques qui sont évidemment partagées par la FFR. Selon nos informations, le président Camou aurait également fait part de son mécontentement dans un courrier jugé « plus factuel » dans le camp du Stade de France, dans lequel il rappellerait l’article 3, alinéa 2 de la convention qui lie les deux parties :

« 72 heures avant et 48 heures après le jour de la manifestation, la FFR aura accès aux installations mises à sa disposition, tant pour ses préposés que pour ses prestataires et partenaires, pour les besoins du montage et du démontage des installations en prévision de la manifestation. […] En cas d’incompatibilité, un planning de montage et de démontage permettant la coactivité pendant cette période sera établi et validé entre la FFR et le CSDF afin que ce dernier et ses prestataires puissent intervenir. » Une dernière phrase qui a son importance et qui explique pourquoi le président Camou se montre moins agressif que le patron de la LNR. Il semble bien que le Stade de France soit dans son droit et dans le respect de la convention.

Lundi dernier, dans nos colonnes, le directeur de la communication du Stade de France, Frédéric Souplet, assurait
d’ailleurs : « Le Stade de France est depuis toujours un stade multifonctions. C’est dans l’ADN du Stade de France de savoir gérer l’enchaînement des événements. Je ne dis pas que ce sera simple, mais nous avons un savoir-faire en la matière. » 

Par ailleurs, on dit également au Stade de France que la convention prévoit uniquement une jouissance de l’enceinte
« de manière exclusive de 8 heures à 24 heures le jour de la manifestation ». Il n’empêche, les inquiétudes du rugby français quant à la qualité de la pelouse semblent légitimes. Et on rappelle volontiers du côté de Marcoussis toute la nécessité pour le rugby français de pouvoir être propriétaire de son propre stade.

Source: Midi Olympique