Si l’on se réfère à la définition du mot « miracle », le plus utilisé samedi dans l’enceinte de Chaban-Delmas : « Fait extraordinaire où l’on croit reconnaître une intervention divine », la victoire des Girondins, et donc la défaite du RCT, n’aurait rien de miraculeuse puisque le phénomène est identifié. Certes les Varois, sonnés, ont été plongés dans un abîme de réflexion et d’incompréhension, mais si personne dans le vestiaire du vaincu n’a voulu reconnaître le Dieu en question vêtu d’un maillot numéro 15, chacun aurait pu parodier une phrase célèbre : « Delon m’a tuer. »

ARMITAGE PERD LA TÊTE

Bernard Laporte qui n’a pas pour habitude de masquer ses sentiments nous a lâchés : « Quand c’est noël tu perds le match. Ça ne s’explique pas mais cela montre que nous avons été fébriles. Cet essai en fin de première mi-temps nous tue. »

Il veut dire ce moment sur la sirène quand, après une première période parfaitement maîtrisée en vrais champions, et sous la pression maximale des Girondins, Delon Armitage choisit de jouer un ballon dans son en-but. Le cadeau empoisonné « offert » à Tillous-Bordes se transforme en essai du chasseur Chalmers. C’est ainsi que l’UBB menée 9-20 regagne son vestiaire avec un retard de seulement quatre points. Tournant ! Car pour le RCT, la suite s’est avérée catastrophique.

Jacky Delmas a du mal à s’expliquer ce renversement de tendance : « L’essai gag a provoqué apparemment une sorte de cassure. Il faut que nous analysions pourquoi nous avons eu ce comportement. Car c’est vrai qu’en deuxième mi-temps on s’est trompé dans les choix en touche, nous sommes restés sur les mêmes schémas, on est mal sorti de notre camp. On a balbutié notre rugby et très mal géré nos ballons. »

Soudainement beaucoup trop de carences alors que l’Union retrouvait, elle, son véritable visage. Comment les champions d’Europe bardés de leurs heures d’expérience des vols à haute altitude, ont-ils pu sortir ainsi de leur couloir de navigation ?

FERNANDEZ LOBBE : « ASPHYXIÉS NOUS-MÊMES »

Lucidité, modestie, l’un des pilotes, Maxime Mermoz, signe son rapport :

« L’expérience c’est une chose, c’est ce qui nous permet de bien gérer l’événement, de bien entrer dans le match, mais après, au moment ou on perd le fil, c’est juste suite à une initiative un peu individuelle d’un joueur d’expérience, qui est énorme, que nous adorons tous mais qui, sur le coup fait un peu n’importe quoi et relance Bordeaux psychologiquement. Il s’est créé une dynamique positive pour eux, négative pour nous. La spirale s’est inversée. J’espère que ce n’est qu’un petit accident car nous avions l’intention d’enfoncer le clou pour être plus tranquille. »

À la pause, Bernard Laporte, soupçonneux, a interdit à ses joueurs de penser que le match était gagné. Il était question de maintenir l’intensité à thermostat 8 or la panne fut saisissante et elle a mis le RCT sur le cul.

« Nous nous sommes asphyxiés nous-mêmes, a reconnu Fernandez Lobbe. Nous n’avons fait que jouer dans notre camp et avec la qualité d’une équipe comme Bordeaux, dans ces conditions, c’est sûr que tu vas prendre des points. On savait qu’ils étaient bons sur la conquête et nous n’avons pas géré les bases du rugby pendant quarante minutes. »

Mais s’agissant du RCT, qui osera parler d’un coup d’arrêt ?

Source: Midi Olympique