Alors qu’il avait toutes les cartes en main pour s’offrir un succès tranquille à Bordeaux, le RCT s’est désintégré suite à plusieurs erreurs. Simple alerte ?

Le sommeil a dû être difficile à trouver cette nuit du côté de la Rade. Ça a même dû cogiter dans les crânes varois frustrés d’avoir lâché un match compliqué à perdre. « Le match est fini au regard de notre première mi-temps, la façon dont elle s’est déroulée si on passe la pénalité du 23-9 ou si on marque sur nos deux temps forts avant la pause », pestait le troisième ligne argentin Juan Martin Fernandez Lobbe.

Toulon offrant deux visages, cela s’est déjà vu. Mais généralement, dans le sens inverse avec un bon courroux de son manager à la mi-temps pour générer une révolte de ses hommes. A Chaban, ce fut le scénario inverse, aussi surprenant qu’inattendu quand on connaît le pedigree et l’expérience des protagonistes sur le terrain. Delon Armitage, de retour de deux mois de suspension suite à des propos injurieux envers des supporteurs de Leicester, avait des fourmis dans les jambes. Sa relance de son propre en-but juste avant la pause était-elle si présomptueuse et suicidaire que ça alors que tout souriait à son équipe à ce moment-là (20-9), en démonstration et maître dans tous les secteurs, et qu’un surnombre se dessinait sur sa droite ?

Fernandez-Lobbe: « On n’a pas géré les bases du rugby pendant 40 minutes »

Le jeu demande faute et quand on connaît la suite de l’histoire de ce choc enlevé, la bourde de l’arrière anglais, repris par le troisième ligne adverse Hugh Chalmers tout heureux d’aplatir le ballon lâché par Armitage au nez et à la barbe de Sébastien Tillous-Borde, fut un tournant psychologique. « On devait juste enfoncer le clou et cet essai pris sur la sirène les remet dedans, c’est évident », reconnaît le centre Maxime Mermoz. « C’est ce qui leur a permis d’y croire« . A la rue jusque-là, l’UBB se relança en jouant à l’instinct comme c’est écrit dans ses gênes. Sur un nuage, le RCT se noya, dans son jeu, en conquête. Incapable de sortir de son camp, refoulé en mêlée, en difficulté en touche, jouant un peu trop à la « ba-balle » au goût de son entraîneur Jacques Delmas, « on a oublié quelque chose dans le vestiaire. Bien sûr, il y a la qualité de Bordeaux-Bègles mais c’est surtout nous qui nous sommes entêtés dans des mauvais choix ».

« On n’a pas géré les bases du rugby pendant 40 minutes », plaide Fernandez-Lobbe. La boulette d’Armitage, puis celle de Tillous-Borde contré par Jandre Marais à la reprise débouchant sur le premier essai de Met Talebula… « On les a enchaînées et on a concédé deux essais stupides », résume Mermoz. « On s’est sorti du match tout seul. Après il y a deux dynamiques qui se créent, positive pour eux, négative pour nous ». Et de conclure, pas très serein: « J’espère que c’est juste qu’un petit accident« . Ce camouflet girondin, ce deuxième acte manqué, peuvent-ils avoir une influence sur la suite de la saison du double champion d’Europe ? Les faiblesses observées peuvent-ils nourrir, réjouir la concurrence ? N’est-ce qu’une erreur de parcours comme il en existe quelques unes dans une saison ? Les quinze jours à venir du côté de Mayol devraient être riches en enseignements. « On va analyser ça entre nous, on est suffisamment grand », coupa Delmas, remonté et déjà tourné vers Brive, dans quinze jours, où une réaction est fortement attendue.

Source: rugbyrama.fr