Demi-finaliste du Top 14, éliminé par Clermont au terme d’un match homérique (29-35, après prolongations), le RCT s’installe dans l’élite du rugby français. Pour sa troisième saison en Top 14, Toulon peut nourrir une légitime ambition, résumée par une nouvelle phrase choc du président Mourad Boudjellal. «Nous avons flirté, maintenant nous voulons coucher». Qualifié en Coupe d’Europe et renforcé avec précision, le RCT pourrait accomplir les voeux de son bouillant président.

«Un état d’esprit remarquable»

Mercenaires, légion étrangère… Que n’a-t-on pas entendu sur les joueurs du RCT l’an dernier ? Sauf que ces hommes-là ont montré qu’ils formaient avant tout une équipe. Une équipe avec une âme et un coeur. «Par rapport à l’an dernier, je voulais surtout conserver le même état d’esprit. le comportement de ceux qui n’étaient pas titulaires a toujours été exemplaire. Il y a une compétition très saine entre les joueurs, il faut garder ça», précise Philippe Saint-André, le manager toulonnais. Saint-André fut probablement la meilleure recrue de la saison dernière. La greffe a pris et si le RCT peut se permettre de tutoyer les sommet, c’est sûrement plus grâce à son sens du jeu qu’à son accumulation de stars sur les feuilles de match. «Il faut des champions pour gagner des titres. Mais les gars savent ce que j’en pense, aucune individualité ne passera avant le collectif. Si un gars croit qu’il peut passer avant l’équipe, il ne joue pas. La star, c’est l’équipe». Le message a le mérite d’être clair et explique sûrement pourquoi l’ambiance semble si agréable sous le soleil varois.

Des recrues ambitieuses

Fort d’un groupe qui commence à avoir du vécu, Toulon n’a pas joué la surenchère au niveau des transferts. Certes, le départ de Sonny Bill Williams laisse un vide, mais les recrues ciblées qui sont venues ont de quoi rassasier les fans. A commencer par Carl Hayman. «Hayman, c’est le joueur du président, précise Saint-André. Nous manquions de puissance devant et il m’offre Carl Hayman. Je dis : « Merci président » !» L’intéressé se sent déjà concerné par les enjeux de la saison. «Pour moi, le Top 14 est le meilleur championnat au monde. C’est pour ça que je suis venu, pour jouer contre les meilleurs». Paul Sackey, l’autre recrue star tient le même discours. «Toulon est un club ambitieux et c’est ce que je recherchais. Ici, je quitte ma bulle de confort et je me recentre sur le rugby. Et je compte bien percer les secrets du French Flair». Des recues ambitieuses, des stars intégrées et de loyaux hommes de devoir, Toulon peut regarder son effectif avec fierté. Et de l’ambition, il en faudra car la Coupe d’Europe s’est ajoutée au programme toulonnais.

Après avoir disputé la finale du Challenge Européen, le RCT s’attaque à la grande Coupe. Pour Saint-André, le challenge est excitant et devrait permettre d’asseoir la réputation du club. «Ce sera une saison longue. Tous les postes sont doublés pour y arriver, mais la vérité se fera sur le terrain. Les résultats de l’an dernier ne doivent pas être éphémères. Il faut être constant, montrer que nous avons de bonnes bases, pour rayonner sur le plan européen». Ce qui est sûr, c’est que le RCT pourra une nouvelle fois compter sur le soutien inconditionnel de tout un peuple. «A Toulon, la passion autour du club est telle qu’il faut donner à 150%. Si tu triches avec ça, on te le dis dans la rue», prévient Saint-André. Une passion que Carl Hayman a déjà pu sentir. «Même si je ne parle pas encore bien le français, j’ai compris la passion qu’il y avait ici autour du rugby». Si les Rouge et Noir continuent à tutoyer les sommets, selon le voeux de leur président, la passion n’est pas prête de s’éteindre.