Jamais, avant Samu Manoa, Mourad Boudjellal n’avait proposé un contrat de quatre saisons à un joueur. Qu’ont donc décelé les Varois chez le numéro 8 de Northampton pour lui proposer trois millions d’euros sur quatre ans ?

Bernard Laporte explique : « Manoa est un monstre physique (2,01 m et 122 kg), très régulier dans ses performances et capable de gagner l’immense majorité de ses duels. Il peut aussi jouer deuxième ligne, ce qui n’est pas négligeable. Ce joueur peut incontestablement devenir la grande attraction du prochain Top 14. »

Amateur et quasi inconnu jusqu’en 2011, date à laquelle il signa chez les Saints, l’international américain est aujourd’hui considéré comme le meilleur joueur du championnat d’Angleterre. Sa vie ? « Un film hollywoodien », nous confiait récemment Brian Moore, ancien talonneur du XV de la Rose et aujourd’hui chroniqueur pour le Daily Telegraph.

Né à San Francisco, Samu Manoa (29 ans) a ainsi échappé à la guerre des gangs sévissant dans les quartiers chauds de la Californie pour s’offrir une deuxième chance en Angleterre. « Northampton fut pour lui un passeport pour une vie meilleure », explique le manager du BOPB Eddie O’Sullivan, ancien sélectionneur des Eagles. À Concord, banlieue de San Francisco, l’enfance de Samu Manoa – dont les parents sont Tonguiens – fut donc rythmée par les affrontements quasi quotidiens que se livraient alors les « boys » de son quartier contre ceux des faubourgs voisins.

Voici ce qu’il confiait à nos confrères du Times, la semaine dernière : « Ce n’était pas une guerre de gangs entre Samoans et Tonguiens, comme cela peut exister dans la banlieue sud d’Auckland. À San Francisco, chacun défend son quartier, que l’on soit Latino, Polynésien ou Afro-Américain. Je ne faisais que représenter le mien. » Sauvé des eaux, Samu Manoa s’est lancé l’an passé dans la création d’une académie de rugby destinée aux jeunes n’ayant pu décrocher un contrat en NFL, la ligue professionnelle de football américain : « Vous ne pouvez pas savoir le nombre de joueurs surpuissants qui, après avoir essuyé le refus d’une franchise de foot US, arrêtent le sport. J’essaie aujourd’hui de leur faire comprendre qu’au rugby, on peut prendre un maximum de plaisir et gagner très correctement sa vie. »

TORSE NU SOUS LA NEIGE

Surnommé le Leviathan par nos confrères britanniques, Samu Manoa vit aujourd’hui chacune des heures passées dans les Midlands comme « un jour de plus au paradis. Lors de mon tout premier entraînement avec les Saints, un matin où Dorian West (entraîneur des avants, N.D.L.R.) nous fit travailler les mauls pénétrants torse nu sous la neige, j’ai pourtant été interpellé. Avant de comprendre que le côté old school du rugby anglais me correspondrait parfaitement. »

Dès l’instant où Jim Mallinder, le manager des Saints, a appris que son numéro 8 rejoindrait le RCT la saison prochaine, il a aussitôt contacté Luke et Carton, les deux plus jeunes frères du clan Manoa. Pas de chance : ceux-ci venaient d’intégrer les académies de deux franchises de NFL. « Personnellement, conclut Manoa, je ne pouvais refuser l’offre de Toulon. Des dizaines de stars du rugby évoluent dans cette équipe et je veux aujourd’hui me prouver que je peux faire partie de leur XV majeur. Et puis, le soleil et la Méditerranée me rappelleront aussi un peu la Californie… »

Source: Midi Olympique