Il a dit stop. En début de semaine, chez nos confrères de Var Matin, le Néo- Zélandais Carl Hayman a annoncé que cette saison serait la dernière. Confirmant ainsi une information qui couvait depuis plusieurs mois. Las et fatigué. Pour la première fois de sa carrière, l’actuel capitaine des Toulonnais accuse le poids des ans.

Mal au dos, moins envie, agacé par le suivi longitudinal dont il fait l’objet dans le cadre de la lutte anti-dopage, il n’arbore que rarement son sourire carnassier à la sortie des vestiaires. À 35 ans, l’heure de la sortie a sonné. Reste que Bernard Laporte compte sur lui pour une dernière danse. Dans l’esprit de l’ex-sélectionneur du XV de France, il est toujours le taulier du poste. Devant l’Italien Castrogiovanni et le Géorgien formé à Toulon, Chilachava.

S’il est plus un capitaine de devoir que de vie, Hayman n’en est pas moins l’un des patrons du vestiaire. Proche des Sud- Africains Botha et Smith, il a facilité, l’an passé, l’intégration rapide de son compatriote Ali Williams et il est l’un des liens essentiels entre la colonie des joueurs français et celle des anglo-saxons dans le vestiaire. Apprécié en interne aussi bien par les jeunes joueurs que par les vieux, il ne dégage pas une autorité naturelle. Il doit se forcer mais il sait réagir en seigneur.

Fin septembre, face à Montpellier lors du match aller, lorsque l’arrière Delon Armitage lui asséna un outrageant « fuck off » sous les yeux de l’arbitre Romain Poite venu réprimander l’Anglais, Hayman resta stoïque. Si Armitage n’a pas été sanctionné, l’affaire s’est réglée en « famille ». Dans l’intimité du groupe, l’aîné des frères Armitage reçu la réprobation de tous et s’excusa rapidement. L’affaire fut close mais elle a démontré la popularité dont jouit l’ex-All Blacks.

MA’A FU ET ATONIO COMME SUCESSEURS ?

Reste qu’Hayman est un capitaine que l’on a peu entendu après les revers au Stade français et à Montpellier publiquement, mais qui avec ses relais, Masoe notamment, a su faire passer ses messages. Rien de bien révolutionnaire, si ce n’est que, selon lui, le salut ne passe que par le travail. Car comme son prédécesseur Jonny Wilkinson, Hayman est d’abord et avant tout un monstre de travail. Voilà aussi peut être pourquoi, à 35 ans, son corps tire le signal d’alarme. Depuis le début de la saison, le Néo-Zélandais traîne des problèmes chroniques au dos. « J’ai envie de pouvoir continuer à jouer avec mes enfants dans le jardin ! Je n’aimerais pas être coincé dans un canapé parce que je ne peux plus rien faire », a confié le droitier au quotidien varois. Des plaintes qui faisaient suite à d’autres.

Juste avant les fêtes, Hayman avait dénoncé, sur le site internet du syndicat des joueurs Provale, l’extrême contrainte de la lutte anti-dopage. « Pour être honnête, je ne le vis pas très bien. Passer trois ans sur cette liste, c’est carrément fatiguant… De toute façon, je n’ai pas le choix. Je dois me plier à cette règle et faire ce qu’il faut. C’est la vie… En tout, j’ai été contrôlé une quinzaine de fois. Quinze fois c’est quand même beaucoup. »

Des propos d’un joueur qui vit avec une vraie épée de Damoclès, car Hayman a aussi avoué avoir subi deux « no show », c’està- dire deux absences injustifiées à un contrôle inopiné, notamment en raison de vacances passées en Nouvelle-Zélande et pas signalées sur le site de suivi. Bref, de quoi remettre en cause sa motivation.

Voilà pourquoi, depuis des semaines, il demandait à chaque fois au président Mourad Boudjellal, de lui laisser du temps pour réfléchir. L’issue ne faisait aucun doute, et le RCT a déjà pris les devants en engageant le pilier de Northampton Salesi Ma’a Fu.

« Nous avions compris qu’il ne poursuivrait pas l’an prochain. Et j’aurais été un bien mauvais président si je n’avais pas anticipé sa fin de carrière… », nous a confié Mourad Boudjellal en milieu de semaine.

Et ce n’est pas tout. Toulon surveille de très près, l’international français, Uini Atonio, sous contrat avec La Rochelle, mais qui devrait quitter le club en cas de relégation en Pro D2. Clermont est aussi sur les rangs, reste qu’en activant son plan de retraite, Hayman va permettre à son club de faire une très belle économie au niveau salarial que le RCT va pouvoir ré-investir.

Source: Midi Olympique