Sébastien Tillous-Borde évoque son retour à Marcoussis avec les Bleus
Sébastien Tillous-Borde évoque son retour à Marcoussis avec les Bleus
Le mercredi 8 octobre 2014 à 11:33 par David Demri
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Il est des esprits chagrins qui vous assureront que jouer demi de mêlée entre le pack qui terrorise l’Europe depuis trois ans et Jonny Wilkinson ou Matt Giteau revient à se promener sur un sulky. Et d’autres, probablement moins cyniques, qui vous promettront que pareil tour de force nécessite un vrai leadership et une sacrée force de caractère lorsque l’on ne compte « que » huit sélections, obtenues voilà cinq ans.
C’est d’ailleurs à cette aune que « Titi » le Béarnais a particulièrement tapé dans l’oeil du staff de l’équipe de France lors du stage de ce début de semaine. Rien d’extraordinaire pourtant, à en croire ce dernier.
« La dernière fois que je suis venu à Marcoussis, j’avais 24 ans, et bientôt 30 aujourd’hui, sourit Sébastien Tillous-Borde. Le CNR n’a pas changé, hormis la moquette des chambres qui a été remplacée. En revanche, c’est moi qui ne suis plus le même. Depuis 2009, j’ai beaucoup gagné en maturité. Les titres avec le RCT sont passés par là, les années d’entraînement aussi. Dans la stratégie, dans la maîtrise du jeu, j’ai progressé. J’ai compris qu’un demi de mêlée ne doit jamais se faire prendre avec le ballon, auquel cas toute l’équipe
est pénalisée. »
Un travail de remise en question évidemment effectué sous la houlette de deux demis de mêlée, Bernard Laporte et Pierre Mignoni. « Techniquement, Pierre m’a fait beaucoup évoluer. J’ai affiné ma technique de jeu au pied, et, surtout, mes passes, au niveau de l’éjection du ballon que j’avais autrefois tendance à relever avant de passer. Aujourd’hui, je peux aussi bien l’éjecter que le porter. » Transformation
technique donc. Mais qui fut également patente sur le plan physique, où le Toulonnais s’est délesté de plusieurs kilos de muscles inutiles.
« Quand je suis arrivé à Toulon, je pesais 91 kg. Depuis, j’oscille entre 87, 88 kg. Cette différence, je la ressens dans tout ce qui est vitesse, explosivité. » Au point d’être devenu tout simplement un meilleur joueur, que le XV de France peut, enfin, se permettre de rappeler au
regard des progrès enregistrés dans les tirs au but par François Trinh-Duc et Camille Lopez, son compagnon de chambrée en début de semaine. « On vient du même coin, et l’on s’est très bien entendu. Du coup, on a un peu parlé de ça… Par rapport aux tirs au but, j’avais commencé à m’entraîner l’an dernier avec Jonny Wilkinson, mais je me suis rapidement blessé aux adducteurs. Si c’est pour se blesser tous les mois, cela ne vaut probablement pas le coup. J’ai d’autres qualités que cela pour postuler. C’est pour cela, qu’à Marcoussis, j’ai encouragé les ouvreurs à continuer leur entraînement ! »
« IL Y A DEUX ANS, J’AURAIS PU CREVER »
Il rigole, Titi. Heureux d’être enfin revenu en grâce. Heureux d’être là, tout simplement, comme guidé par un inconscient
qui lui rappelle, sans en faire un leitmotiv, sa chance. Peu s’en souviennent peut-être, mais Sébastien Tillous- Borde est passé tout près de la grande bascule après un soir sinistre de Boxing day, disputé du côté d’Armandie.
« Les soucis de santé, j’ai donné… La première fois, c’était à l’épaule. J’ai passé tout de même neuf mois sans jouer à cause d’une vis qui me touchait un tendon, ce qui ne m’a pas permis de défendre mes chances pour la dernière Coupe du monde. Et puis, il y a eu cette septicémie. Moins long, mais bien plus intense… »
Et Tillous-Borde de se rappeler les faits, comme si de rien n‘était. « J’avais été piqué par une araignée à la maison, et comme cela me démangeait, j’avais gratté la plaie. À Agen, de la terre est entrée par le trou, dans laquelle il y avait un streptocoque. Mon bras était énorme, tous les organes touchés : le coeur, les reins, les poumons… En dix jours, j’ai perdu sept kilos. J’aurais pu crever. Les médecins ont essayé une multitude de produits. Quand je m’en suis sorti, ils m’ont clairement dit que si je n’avais pas été aussi costaud et que si la même chose m’était arrivée une quinzaine d’années plus
tôt, j’étais mort. »
De quoi cogiter ? Pas même pour ce garçon terrien, au bon sens chevillé au corps. « Je suis passé très vite à autre chose. Un mois et demi après, je reprenais le rugby, et nous avons eu la chance d’être champions d’Europe quatre mois plus tard. De cette blessure, il ne me reste plus que la cicatrice sur le bras, et une bonne leçon : désormais, lorsque j’ai une plaie, je la désinfecte soigneusement… »
LA BOXE POUR LE MENTAL
Au vrai, pour la métamorphose mentale, c’est peut-être dans un autre domaine que le rugby qu’il faut chercher. À savoir dans la boxe, où une rencontre a permis à Sébastien Tillous-Borde d’achever sa mutation. « J’ai rencontré Faïsal Ibnel Arrami voilà un an. Il était champion de France et d’Afrique des lourds-légers, mais venait de se blesser à l’épaule, et avait deux tendons rompus. Les boxeurs sont bien moins suivis que nous, c’est pourquoi je lui avais laissé mon numéro en lui disant que s’il avait besoin de mes connaissances, il pouvait m’appeler. Quinze jours après, il m’a contacté. J’ai demandé à Jean- Baptiste Grisoli (médecin du XV de France basé à Toulon, N.D.L.R.) de lui trouver des rendez-vous. À Toulon, le médecin lui a indiqué que sa carrière était terminée. Jean- Baptiste a alors appelé à Marseille, où le verdict n’était pas meilleur. J’ai alors appelé Gilles Walch, le médecin qui m’a opéré à Lyon, qui lui a dit : « Banco, tu reprends entre six et huit mois ». C’est ce qui s’est passé, et nous sommes devenus amis. »
Le point de départ pour « Titi » d’un énorme travail sur lui-même. « Avec son seul bras valide, il a commencé à m’entraîner. En dehors de la boxe, il fait de la préparation mentale. Comme j’avais côtoyé d’autres joueurs comme Chris Masoe qui la pratiquaient, la boxe m’avait toujours intéressé. Et avec lui, j’y ai pris goût. » Au point de s’infliger, à intervalles irréguliers, de véritables séances de torture. « Cela dépend de ma fatigue, de mes besoins. Je peux passer quinze jours sans y aller, puis effectuer des séances plusieurs fois dans la même semaine. Il m’est même arrivé d’en faire trois heures avant certains matchs… Cela permet de travailler l’explosivité, la vitesse de bras, l’agressivité, mais aussi le mental. Comme il est plus costaud que moi (Arrami vient de passer de la catégorie lourd-léger au poids lourd), cela pique ! Parfois, il m’arrose de coups en me demandant, pendant que je me protège, d’effectuer des calculs mentaux. Cela équivaut à certaines situations que l’on retrouve sur un terrain, comme mettre un gros plaquage et annoncer une touche tout de suite derrière. »
Dingue ? Peut-être. Mais surtout efficace, au vu des récentes prestations de Tillous-Borde. « Incontestablement, Faïsal m’a permis de progresser. D’ailleurs, il va disputer son combat de reprise le 29 novembre au Palais des sports de Toulon. Et je serai évidemment dans les gradins. » Histoire de fêter dignement, avec qui de droit, trois sélections supplémentaires méritées et une victoire de prestige contre l’Australie ? Sincèrement, on n’en souhaite pas moins.
Source: Midi Olympique
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6 Commentaires
Très bon article ! Rien à redire ! Allez Sébastien! devient le patron du XV de l’EDF !
H.S. : quand on est abonné, faut il acheté une place pour les matchs de coupe d’Europe à Mayol ??
Je crois me souvenir que l’année dernière c’était compris dans l’abonnement !
Merci d’avance.
L’ayant croisé que quelques fois il m ‘a fait l ‘effet de quelqu’un qui a de la détermination
A l ‘aise en anglais et devant les médias il mène bien sa barque
il a fait de gros progrès d’ou sa sélection
Mec sympa :yes:
En EDF ce sont les 1/2 de mêlées qui bottent, avec le choix de TALES à l’ouverture. Donc ça risque d’être rapé pour lui. Si tu titularises un ouvreur qui ne botte pas t’es obligé de mettre deux 1/2 de mêlée botteurs sur la feuille de match. Pour Sébastien il faudra qu’il attende l’arrivée d’un ouvreur botteur comme titulaire.
Talés/Kockott ou FTD/Titi
provale qui s’inquiète de la santé des joueurs,ce qui est légitime à mon sens,devrait aussi préconiser la désinfection des terrains parce que ce n’est la première fois que j’entends que des infections sont survenues suite à un match à cause d’une légère entaille dans la chair 😎