Fabien Barcella: « Je vais avoir trente et un ans, je ne me prends pas la tronche »
Fabien Barcella: « Je vais avoir trente et un ans, je ne me prends pas la tronche »
Le jeudi 11 septembre 2014 à 11:52 par David Demri
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Le pilier international a débarqué cet été à Toulon, à la surprise générale et sans faire de bruit. Il espère y prouver que sa carrière fulgurante mais sinueuse n’est pas terminée.
Soyons francs : le grand public l’a perdu de vue depuis la finale de la Coupe du monde, en octobre 2011 (défaite 8-7, face à la Nouvelle-Zélande). « Marc (Lièvremont) m’avait sélectionné, mais ça avait fait débat, admet Fabien Barcella. Une Coupe du monde, ça ne se refuse pas. Mais j’en ai payé les pots cassés pendant deux ans. J’avais beaucoup souffert pour y aller. » Rupture du ligament croisé postérieur du genou gauche (janvier 2010), rupture du tendon d’Achille gauche (août 2010), rupture du biceps gauche (8 août 2011) : Barcella s’envole malgré tout pour la Nouvelle-Zélande, joue des bouts de rencontre derrière Jean-Baptiste Poux. Depuis, ce pilier gauche remuant a très peu joué : 44 matches de Top 14, dont 24 comme titulaire. À la surprise générale, on le retrouve chez le champion de France et double champion d’Europe, vivant à l’est de Toulon, à La Farlède avec son épouse et leur fille Scarlett (17 mois).
Comment est-il arrivé là ?
Son agent lui dit au printemps : « Voilà, Toulon serait intéressé par toi. » « J’étais surpris, bien sûr. C’est assez inespéré vu mon parcours, ma descente aux enfers avec Biarritz. J’ai saisi ça avec beaucoup d’enthousiasme, de joie. » Il reprend l’entraînement physique le 23 juin, avec Romain Taofifenua, Éric Escande, d’autres recrues. « Une chance. J’ai pu m’acclimater petit à petit. Chaque jour, de nouveaux joueurs arrivaient, ça permettait de les connaître. Je ne suis pas arrivé directement au milieu de tout le monde. Mais bon, de l’intérieur, ces mecs vivent comme une vraie équipe malgré leurs CV. »
Pour faire le nombre ?
Xavier Chiocci, Alexandre Menini, voire Florian Fresia, sont devant lui pour le poste de pilier gauche au RCT. « Je ne réfléchis pas à me dire : je suis une doublure, pas une doublure ; je serai en tribune ou pas, quand on gagnera un titre. » Et l’idée d’être là pour faire le nombre ? « Peut-être qu’on m’a pris pour faire le nombre, parce que je suis JIFF (*) ? Je sais que ça peut se dire, que des mecs peuvent le penser… Mais je m’en carre. Je vais avoir trente et un ans. Je ne me prends pas la tronche. »
Un an et puis s’en va ?
À son âge, on essaie d’assurer sa fin de carrière. Mais Barcella n’a eu qu’une proposition d’un an de contrat, sans garantie derrière. « C’est un pari pour moi, pour le RCT. Je ne sais pas sur quoi cette aventure débouchera mais, quand j’aurais arrêté, je me dirai : tu as joué là-bas, tu as vécu des trucs avec de grands joueurs. Mais, attention, ce n’est pas un rêve ! Je suis un peu vieux pour ça, pas un gamin de vingt ans. Si à la fin de la saison, on me dit qu’on ne souhaite pas me conserver, eh bien, c’est la vie ! Si on me dit qu’on est contents et qu’on me refait un an, tant mieux. Je prends ça avec philosophie, joie. Se lever le matin pour faire le métier qu’on aime, c’est exceptionnel. »
Un match au Racing et après ?
Il a été une fois dans le groupe – titulaire – au Racing (défaite 10-17). Il ignore quand il rejouera, et ne sera à nouveau pas dans le groupe contre le Stade Français samedi. « Ça peut durer un mois, deux… Je l’ai intégré. Je bosse beaucoup avec le préparateur physique, ce n’est pas loin de remplacer les matches. Vendredi, samedi dernier, on a fait deux grosses séances physiques. Et on a repris lundi matin à 7 heures. Si on fait appel à nous, on tiendra la route physiquement. » S’imagine-t-il tenir compagnie aux partenaires, en loge, l’essentiel de la saison comme c’était le cas, par exemple de Geoffroy Messina il y a deux ans ? « À Biarritz, pendant un an j’étais blessé ; je le faisais tous les samedis. Je connais le truc, j’ai de l’entraînement, sourit-il. Le plus dur, c’est tous les mecs qui te demandent quand tu vas revenir. Mais les partenaires, on leur est redevable. C’est frustrant, d’être en tribune, mais je n’ai pas d’aigreur. Je ne dis pas : ça fait chier. Râler n’apporte rien. »
Peur d’avoir été une comète
Il ne s’offusque pas, glisse : « Je comprends parfaitement ce que vous voulez dire. Mais, en 2006, j’étais en Fédérale 1, puis sélectionné en équipe de France en 2008. Vu mon parcours, tout était inespéré : la Pro D2, le Top 14, l’équipe de France. J’ai vécu ça intensément. Si on me disait que, demain, le rugby s’arrête, eh bien, j’irai dans la vie active et je bosserai, comme tout le monde. On a beau me dire que j’aurais pu avoir, ci, ça, je n’ai pas de regrets. Et si, et si… Avec des scies, on fait du bois. »
Source: lequipe.fr
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on voit nettement que son biceps gauche est atrophié,ça va être un peu long je pense.
il a été mal soigné à biarritz!