Aubin Hueber, qu’avez-vous appris sur votre équipe lors de la lourde défaite au Munster (45-18) ?
Dans les défaites, il est important de savoir retirer des enseignements. On a bien vu qu’il fallait être prêt mentalement et individuellement mais aussi collectivement au niveau du jeu pour jouer à ce niveau. L’équipe du Munster nous a montrés qu’il fallait évoluer dans une autre dimension que celle du Top 14 pour exister. C’est un match international. Ceux qui sont sortis du lot dans notre équipe sont des joueurs internationaux.

Dans l’engagement, le Munster a été nettement dominateur…
Oui, ils avaient loupé leur premier match contre les London Irish (ndlr : défaite 23-17). Ils avaient besoin de prendre le bonus offensif. On s’attendait à un rude combat. Cela a été le cas. Ils ont mis du combat, une saine agressivité et du jeu. Nous avons été en difficulté pratiquement tout le match.

Ce match peut-il permettre à votre équipe de comprendre ce qui la sépare encore du plus haut niveau ?
Oui, avec Philippe (Saint-André), on a leur a montré les images. Elles sont un peu sanglantes car elles font mal. Mais cela montre bien la réalité du comportement de chaque joueur et du collectif. Il faut savoir élever son niveau dans ces matchs. Et si ce n’est pas le cas, vous prenez quarante points. Nous avons subi.

Les nombreuses blessures dans votre équipe ne sont donc pas un hasard…
Non, quand vous ne mettez pas l’intensité et la dimension physique nécessaires, vous vous retrouvez avec des blessures. C’est comme lors d’un entraînement que l’on effectue en demi-teinte, c’est là où vous avez le plus de chance de vous blesser.

Avez-vous des inquiétudes sur vos blessés ?
Ce qui est embêtant, c’est que les quatre blessés sont des titulaires. Sackey et Mignoni souffrent d’une déchirure. Kefu a un petit pépin à l’épaule mais ça devrait aller. Le plus inquiétant est Auelua, le numéro 8 passé au centre. Il s’est certainement fait les croisés. C’est un peu embêtant.

« Une période charnière »

Vos joueurs étaient-ils découragés ?
Non, pas découragés mais certains ont pris conscience de ce qu’était le très haut niveau. Le Munster est une des meilleures équipes en Europe. Elle ne se prépare quasiment que pour cette Coupe d’Europe. Il n’y a pas d’inquiétude. Tous ont bien compris que nous n’étions pas invités. Nous n’avions pas non plus alignés tous nos meilleurs joueurs.

Pourquoi ?
Car notre priorité n’est pas la Coupe d’Europe mais le championnat. Nous allons affronter le Stade Français au Stade de France samedi avant d’aller à Toulouse et Perpignan. La H Cup est l’apprentissage du niveau international. Notre premier passage contre les Ospreys a été réussi. Au Munster, on savait que ça allait être difficile.

La qualification est-elle toujours possible ?
Oui, nous sommes toujours qualifiables d’un point de vue comptable. Nous allons chez les London Irish lors de la prochaine journée avant de les recevoir. Ce sera difficile de terminer premier mais nous pouvons encore faire de bons matchs et nous évaluer à ce niveau. Le groupe va grandir et c’est le plus important.

Samedi, le Stade Français vous reçoit au Stade de France. Comment le vivez-vous ?
Cela montre que Toulon est désormais considéré comme un grand club du Top 14. On remercie Max (Guazzini) de nous considérer comme cela. Ce sera encore un gros match face au Stade Français qui monte en puissance. Ce week-end, face à Leeds, ils avaient aligné une équipe bis. On voulait jouer au très haut niveau et nous sommes servis lors de ce mois d’octobre avec ce qui se fait de mieux en Europe.

Est-ce une période charnière pour votre équipe ?
Oui, je pense. Si on sort de cette période avec quelques points positifs, d’un point de vue comptable et dans le jeu, ça peut être intéressant pour la suite.